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Friday 11 April 2014

[RwandaLibre] "Les chiens se déchiraient les corps": Roméo Dallaire.

 

ONU au Rwanda : "On ne pouvait même pas ramasser les corps, les chiens
les déchiraient"

Le général canadien Roméo Dallaire commandait la mission de l'ONU au
Rwanda pendant le génocide en 1994. Retour sur un témoignage précieux
et méconnu.

Le lieutenant-général Roméo Dallaire commandait les Casques bleus au
Rwanda durant le génocide en 1994. Gianluigi Guercia / AFP / Sénat du
Canada


Par Guerric Poncet

Le Point.fr - Publié le 11/04/14 à 19h33

Les commémorations pour les 20 ans du génocide au Rwanda sont
l'occasion de revenir sur un témoignage précieux et méconnu : celui du
commandant des Casques bleus durant les événements, le Canadien Roméo
Dallaire. Dans son livre J'ai serré la main du diable, la faillite de
l'humanité au Rwanda, il raconte comment le système onusien de
l'époque, couplé à la paralysie de la communauté internationale, a
permis au génocide de naître et de continuer jusqu'à devenir l'un des
massacres les plus sanglants de l'histoire. 800 000 morts, tués pour
la plupart à la machette, sous les yeux des observateurs
internationaux... et du commandant de la force de paix.

L'homme a pris quelques rides, mais il se sent chez lui, lorsqu'il
revient en 2004, dix ans après le génocide, dans le bâtiment de Kigali
qui abritait son QG. Quelques caméras le suivent, dont celles du
documentariste Peter Raymont (J'ai serré la main du diable : le voyage
de Roméo Dallaire, 2004). On le lit dans ses yeux, Roméo Dallaire
revit alors chaque instant de son séjour, durant lequel il commandait
la mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (Minuar).
L'ancien militaire, devenu sénateur du Canada, est passé par des
périodes très difficiles après son retour au pays. Souffrant du
syndrome de stress post-traumatique, il a reconnu qu'il avait essayé
de se suicider.

L'ONU ? "Tout était un bluff"

"Tout était un bluff quand nous avons planté le drapeau de l'ONU" à
Kigali, se souvient l'ex-commandant de la force de paix. Ses quelques
centaines de soldats sous-équipés ne sont absolument pas capables de
mener à bien leur mission. Des soldats belges complètent heureusement
le dispositif onusien. "Les Belges n'auraient pas dû être là [compte
tenu de leur passé colonial, NDLR], mais eux seuls étaient prêts à
nous envoyer des troupes", explique Roméo Dallaire.

"En janvier 1994, une information nous dit qu'une liste de Tutsi a été
faite, pour l'extermination", se souvient-il. Puis, il apprend
l'existence de quatre caches d'armes, qu'il s'apprête à détruire pour
enrayer l'escalade. Mais les bureaux de l'ONU à New York refusent
toute opération proactive : au dernier moment, il faut annuler
l'opération. "On avait l'impression d'être impuissants devant une
bombe à retardement", juge-t-il. Puis arrive un événement redouté :
l'exécution, le 7 avril, de dix soldats belges de la force de paix,
"pour affaiblir la Minuar." Et ça marche : traumatisé, Bruxelles
retire ses troupes quelques jours plus tard, accusant même Roméo
Dallaire d'avoir laissé mourir ses hommes.

La responsabilité de la France

"Le 10 avril 1994, 2 500 soldats occidentaux étaient sur place, pour
évacuer les civils"... occidentaux. "Aucun d'entre eux n'a fait quoi
que ce soit", assène Roméo Dallaire. Parmi eux, un contingent français
très bien équipé, qui est accusé d'exfiltrer aussi des acteurs du
génocide, "amis de la France". Sur le tarmac de l'aéroport, les
officiers français refusent de l'écouter.

L'homme ne pardonnera jamais à la France son comportement. Et il n'est
pas tendre non plus avec Bernard Kouchner, alors représentant spécial
de Paris sur place, dont il relate essentiellement les gesticulations
médiatiques. Encore aujourd'hui, Roméo Dallaire continue de dénoncer
l'égoïsme des États, "un concept qui va permettre d'autres génocides".

"Leurs yeux n'étaient pas humains"

"À deux reprises, j'ai rencontré les dirigeants de l'Interahamwe [la
milice la plus violente, NDLR]. Leurs mains étaient froides, pas en
température mais comme celle d'un corps étranger. Même s'ils avaient
forme humaine, leurs yeux n'étaient pas humains, ils reflétaient le
mal absolu. Et le mal personnifié, pour mon éducation religieuse,
c'était le diable", raconte-t-il.

Le tournant majeur intervient lorsque l'ONU renonce à toute action.
Ordre est donné au contingent, à l'exception de 270 Casques bleus, de
se retirer. Exaspéré par la bureaucratie onusienne, qui lui répond
parfois qu'il "faut attendre lundi" lorsqu'il appelle un vendredi
soir, Roméo Dallaire comprend qu'il doit se battre sur un autre front
: celui de la communication. Il contacte alors des journalistes,
quitte à transgresser les règles militaires. Interrogé par Peter
Raymont dans son documentaire, l'ancien journaliste de CBC Michael
Enright se souvient : "Ce général en situation de guerre se rend
disponible au téléphone et nous parle. C'était totalement incroyable
!"

"Les chiens se déchiraient les corps"

"Pourquoi ne pas se retirer ?" lui demande un journaliste en 1994, en
plein génocide. "Ce serait moralement inacceptable", répond Roméo
Dallaire. "Nous avons une responsabilité de témoin actif envers la
communauté internationale pour qu'elle puisse réagir", explique-t-il.
"L'ONU protège 12 000 personnes dans le stade, c'est totalement hors
de contrôle, comme un camp de concentration", s'alarme-t-il, alors
qu'il est incapable de fournir de l'eau, des vivres ou des médicaments
à cette population.

Dans la ville, "on ne pouvait même pas ramasser les corps, les chiens
les déchiraient", se souvient-il. C'est à ce moment qu'il prend
conscience de "l'énorme capacité de massacre et de destruction
humaine". Il est laminé et commence à perdre pied. "Certains jours, il
écrivait un ordre et ça n'avait aucun sens", se souvient son adjoint
d'alors, le major Brent Beardsley. Même si l'ONU lui attribue
finalement un contingent militaire plus solide, "mi-juillet, il était
absent", ajoute le major. "Un soir, je suis sorti sans escorte et j'ai
cherché une embuscade, pour me faire tuer", reconnaît Roméo Dallaire.
Quelques jours plus tard, il demande à être relevé de ses fonctions.
"Je mettais la mission en péril", lâche-t-il.

"Je suis devenu suicidaire"

De retour chez lui, le général peine à vivre avec sa conscience. "En
tant que commandant de l'opération, c'est moi qui suis tenu
responsable des actions entreprises. Et ce, pas seulement pendant le
commandement, mais aussi pendant le reste de ma vie. Je ne pouvais pas
vivre avec. Je suis devenu suicidaire, car il n'y avait pas d'autre
solution. Parfois, il n'y a pas d'autre solution que de jeter sa
voiture par-dessus un pont. Sans aide, je serais mort", murmure-t-il.

On se prend à entendre de nouveau la bande originale du film J'ai
serré la main du diable, malheureusement pas distribué en France*. Ses
paroles résonnent, comme un appel désespéré venu du passé.
Aujourd'hui, Roméo Dallaire, 66 ans et toujours sénateur, se bat pour
éradiquer le fléau des enfants-soldats, le "système d'arme de basse
technologie le plus sophistiqué utilisé au combat aujourd'hui". Un
documentaire auquel il a participé, Se battre comme des soldats,
mourir comme des enfants, doit sortir en juin 2014.

* Nous avons essayé en vain de nous procurer légalement en France le
film J'ai serré la main du diable (2007, Séville Films). Notre DVD
original, acheté au Canada, n'est pas compatible avec les lecteurs
européens...

http://mobile.lepoint.fr/monde/onu-au-rwanda-on-ne-pouvait-meme-pas-ramasser-les-corps-les-chiens-les-dechiraient-11-04-2014-1812334_24.php

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