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Saturday 5 April 2014

[RwandaLibre] Nouvel Observateur: RWANDA. Il y a 20 ans, la mécanique de l'horreur

 

RWANDA. Il y a 20 ans, la mécanique de l'horreur


Par Christophe Boltanski
Publié le 05-04-2014 à 16h57

Le meurtre du président hutu Habyarimana le 6 avril 1994, toujours non
élucidé, n'a fait que servir de signal à des massacres soigneusement
organisés.

Novembre 1996, dans un cimetière près de Kigali où des milliers de
victimes ont été enterrées. (Sipa)

En quittant tant le sommet de Dar es-Salaam, le 6 avril 1994, Juvénal
Habyarimana se montre confiant : "Vous allez voir ! Cette fois, ça va
marcher", lance-t-il à un diplomate français. Après des mois de
louvoiements, le président rwandais se dit enfin prêt à appliquer les
accords de paix d'Arusha, ville tanzanienne où ils ont été conclus six
mois plus tôt.

Un tournant.

Chef d'un régime raciste fondé sur la supériorité hutue, il accepte de
partager le pouvoir avec les rebelles tutsis du FPR, le Front
patriotique rwandais. A l'issue de quatre ans de guerre civile, la
guérilla tutsie entrera au gouvernement. Plus encore, 40% des soldats
et la moitié des officiers de la future armée rwandaise sortiront de
ses rangs. Un cauchemar pour les militaires hutus, notamment le "clan
de Madame" Habyarimana, cette belle-famille qui truste tout.

Abattu, le Falcon 50 du Président s'écrase dans une bananeraie

Avant de participer à ce dernier round, Juvénal Habyarimana a demandé
à son chef de cabinet d'engager les préparatifs institutionnels. Cette
fois, plus de reculade sous la pression de son camp. "Ras le bol !"
a-t-il crié. Prudent, il a emmené dans ses bagages tous ceux qu'il
estimait susceptibles de représenter un danger pour lui. Notamment son
chef d'état-major, le général Nsabimana. "C'est la première fois que
mon père était convié à un tel voyage", s'étonnera son fils Maurice.

Lorsqu'il repart pour Kigali, il fait nuit. Au moment de monter dans
son Falcon, il embarque aussi le président burundais Cyprien
Ntaryamira dont l'avion est en panne. Avant de décoller, il cherche
son général. "Où est Nsabimana ?" demande-t-il. Il l'aperçoit en
compagnie de son médecin particulier sur le tarmac. "On pensait qu'il
n'y avait plus de place", bafouillent les deux hommes. "Entrez vite,
on y va !"

Reflet de ses relations opaques avec Paris, il vole à bord d'un jet
offert par Mitterrand, conduit par un équipage également français,
employé par la Satif, une société écran de la DGSE. Quand, à 20h25, le
pilote entame sa descente sur l'aéroport de Kigali, il distingue un
premier éclair partir du sol et frôler sa dérive. Il éteint ses feux
de position, met son appareil en piqué. Trop tard. Percuté par un
second missile, le réservoir de kérosène, placé sous l'aile gauche,
explose. Le Falcon 50 s'écrase dans une bananeraie, dispersant sur des
dizaines de mètres ses débris et les dépouilles de ses neufs passagers
et trois membres d'équipage. Pas de survivant. Le corps de Habyarimana
atterrit dans une plate-bande de sa propre résidence située à 400
mètres de la piste.

Une célérité qui surprend les casques bleus

En quelques minutes, soldats de la garde présidentielle et miliciens
dressent des barrages dans Kigali. Une célérité qui surprend les
casques bleus belges de la Minuar, la Mission des Nations unies.

Moins de vingt minutes après l'attentat, toute la ville était
quadrillée et bloquée [comme si] ces militaires étaient au courant de
ce qui allait se passer et de ce qu'ils devaient faire", dira
l'adjudant-chef Christian Defraigne à l'auditorat militaire de
Bruxelles.

"Il faut savoir qu'ils étaient très pauvres en radios. La manière dont
ils ont réagi ne me semble possible que via une organisation
préalable", ajoutera devant la même juridiction le lieutenant
Jean-Noël Lecomte. Les tueries de Tutsis débutent aussitôt. Listes à
la main, les interahamwe, la milice du parti au pouvoir, sillonnent
les quartiers, assassinent les "cafards", bébés, vieillards confondus.
On massacre aussi en province. A Gisenyi, Gikongoro, Kibungo. Bientôt,
tout l'appareil d'Etat sera mobilisé : préfets, bourgmestres,
instituteurs. Une machine redoutable dans un pays où on compte un
conseil local pour dix foyers.

Depuis des mois, les organes extrémistes du Hutu Power échauffent les
esprits, appellent à "éradiquer", "nettoyer", "déraciner" les
"infiltrés", les "complices" du FPR, mots gigognes, compréhensibles
par tous, qui servent à désigner les Tutsis dans leur ensemble.
Certains se révèlent étrangement prophétiques.

Une petite chose va survenir, ici, à Kigali. Et même aux dates du 7 et
du 8 [avril], vous entendrez le bruit des balles ou des grenades", a
annoncé le 3 avril la Radio des Mille Collines, déjà baptisée "Radio
Machette".

La revue "Kangura" avait, de son côté, prédit le meurtre de
Habyarimana "par un Hutu à la solde des Tutsis" dès décembre.

"Ne vous inquiétez pas, c'est un putsch"

A partir du 7 avril à l'aube, la garde présidentielle exécute les
dirigeants hutus modérés, partisans des accords d'Arusha : le
président de la Cour suprême, des ministres, des chefs de parti. Et la
Première ministre, Agathe Uwilingiyimana, assassinée, avec les dix
soldats belges chargés de sa protection.

Le but ? Créer un vide constitutionnel, préalable à un coup d'Etat. Le
colonel Bagosora, directeur de cabinet du ministre de la Défense,
vient en effet de prendre la tête d'un "comité de crise". "Ne vous
inquiétez pas, c'est un putsch, mais nous avons la situation bien en
main", aurait-il confié à l'envoyé spécial de l'ONU, Jacques-Roger
Booh-Booh ("Rwanda : le génocide", par Gérard Prunier, Editions
Dagorno, 1999).

Ce dur du "clan de Madame" ne cache pas ses intentions. Lors d'une
soirée arrosée, l'avant-veille de l'attentat, il a expliqué d'une
"voix avinée" au général Dallaire, patron canadien de la Minuar, que
"la seule manière de s'occuper des Tutsis était de les éliminer
complètement, en les éradiquant de la carte" ("J'ai serré la main du
diable", par Roméo Dallaire, Libre Expression, 2003). Son premier
appel vise à faciliter la tâche des tueurs. A 6 heures du matin, il
recommande sur les ondes à la population de "rester chez elle en
attendant de nouvelles directives".

Elle dicte au téléphone une liste "de gens à éliminer"

Il agit en étroite coordination avec la veuve du président, sa
cousine. Dans la maison du défunt, l'heure est au combat, non au
recueillement. Une femme venue adresser ses condoléances à Agathe
Habyarimana la trouve en train de dicter au téléphone une liste "de
gens à éliminer". Elle "priait tout haut en demandant d'aider les
interahamwe de nous débarrasser de l'ennemi", raconte Jeanne
Uwanyiligira, dont le père médecin a péri dans l'avion.

Le fils Habyarimana, Jean-Luc, parade avec un fusil R4 à la main et se
vante d'avoir tenté de tirer une balle dans le cadavre de la Première
ministre. Selon Jean Birara, directeur de la Banque centrale,
également présent, des exclamations de joie saluent chaque mort
nouvelle d'un opposant.

Des milliers de corps s'entassent dans les rues. Des tirs se succèdent
pendant toute la journée. Les Tutsis apeurés se réfugient dans les
églises ou à l'Hôtel des Mille Collines. Une partie des 600
combattants du FPR cantonnés au Parlement tentent, conformément aux
accords, une sortie vers 16h30 et affrontent la garde présidentielle à
l'arme lourde. Au même moment, le chef de la rébellion, Paul Kagamé,
ordonne à ses troupes déployées dans le nord du pays de se mettre en
marche. Elles atteindront les abords de Kigali, le 12 avril.

L'extermination de près d'un million de Tutsis va pouvoir se
poursuivre sans témoins

Le colonel Bagosora focalise trop d'inimitiés pour pouvoir unir
l'armée autour de lui. Le 8 avril au matin, il renonce à prendre la
tête d'une junte et décide de rendre les rênes aux civils, au moins en
apparence. C'est lui qui choisit les membres du gouvernement
intérimaire, ceux qui vont mettre en œuvre le génocide.

Leur point commun ? Quelle que soit l'étiquette, tous adhèrent au Hutu
Power. Dans la confusion, nombre d'entre eux ont trouvé abri avec leur
famille et leur escorte à l'ambassade de France. A l'ombre du drapeau
tricolore, des hommes qui seront traduits plus tard devant la justice
internationale enchaînent les réunions, seuls ou avec Jean-Michel
Marlaud, l'ambassadeur. "Il nous exhortait à jouer notre rôle", dira
le ministre du Commerce, Justin Mugenzi, après son arrestation.

Le lendemain, 600 soldats français arrivent à Kigali pour évacuer les
étrangers. Nom de l'opération : Amaryllis. Agathe Habyarimana, la
veuve du président, figure parmi les premiers passagers à embarquer.
Un ordre exprès de François Mitterrand. Traumatisés par la mort de
leurs soldats, les Belges rapatrient leurs ressortissants, ainsi que
leurs casques bleus. Bientôt, les effectifs de la Minuar seront
ramenés de 2 539 à 270 hommes. L'extermination de près d'un million de
Tutsis va pouvoir se poursuivre, presque sans témoin.

Qui a abattu l'avion du président ?

Les experts balistiques et acoustiques mandatés par le juge Trévidic
sont formels : le tireur qui a abattu le Falcon se trouvait sur le
site de Kanombe, un camp de militaires hutus ultras, et non sur la
colline de Masaka, lieu retenu par le juge Bruguière dans son
ordonnance incriminant le FPR. La preuve ? Les témoins d'abord qui ont
vu la trace lumineuse converger vers la cible. Les débris, ensuite.
Les trois moteurs sont intacts. L'impact s'est produit sous l'aile
gauche. Le missile attiré par la chaleur des tuyères ne peut donc
venir que de l'avant et non de l'arrière de l'avion. Le son, enfin. Le
colonel français Grégoire de Saint-Quentin, qui se trouvait à Kanombe,
a d'abord entendu les départs de feu, puis l'explosion de l'appareil.
L'inverse se serait produit si le projectile était parti de Masaka.

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140404.OBS2714/rwanda-il-y-a-20-ans-la-mecanique-de-l-horreur.html

En lisant ce texte du Nouvel Observateur, on voit que Habyarimana
soupçonnait Nsabimana de mijoter un coup contre lui. Plus tard avant
que l'avion ne soit abattu, la tour de contrôle de Kanombe a demandé
au pilote l'identité des occupants de l'avion. Tous ces indices
pointent vers le camp présidentiel la responsabilité de l'attentat.

«««Avant de décoller, il cherche son général. "Où est Nsabimana ?"
demande-t-il. Il l'aperçoit en compagnie de son médecin particulier
sur le tarmac. "On pensait qu'il n'y avait plus de place", bafouillent
les deux hommes. "Entrez vite, on y va !"»»»

«««Prudent, il a emmené dans ses bagages tous ceux qu'il estimait
susceptibles de représenter un danger pour lui. Notamment son chef
d'état-major, le général Nsabimana. "C'est la première fois que mon
père était convié à un tel voyage", s'étonnera son fils Maurice.»»»

--
SIBOMANA Jean Bosco
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