Le Point Afrique
mpliqué dans plusieurs scandales, accusé de nombreux méfaits de corruption, Jacob Zuma, lâché par son parti et désormaius ex-président d'Afrique du Sud, a de quoi s'inquiéter pour son avenir judiciaire. Comme le dit l'analyste politique Daniel Silke cité par l'AFP, « en renonçant à son poste, il s'est trouvé propulsé dans un autre monde et entre dans une période embarrassante, problématique et incertaine ». Et de rappeler que cette situation ne naît pas d'une quelconque perte d'immunité liée à sa fonction – elle n'existe pas en Afrique du Sud –, mais du fait que Jacob Zuma n'est désormais plus en mesure « d'influencer le parquet ou d'autres agences de l'État ».
Quels sont aujourd'hui les scénarios dans lesquels Jacob Zuma pourrait se retrouver ? Ils sont au nombre de cinq : le procès, l'interrogatoire, la grâce, l'exil et la retraite paisible. Passons-les en revue.
Le procès
Jacob Zuma devrait être fixé très rapidement dans un dossier qui l'empoisonne depuis une décennie, une affaire de contrat d'armement impliquant notamment le français Thales. Selon l'AFP, il y est soupçonné d'avoir perçu 783 versements de pots-de-vin pour ce juteux contrat de 4,2 milliards d'euros signé en 1999 par l'Afrique du Sud avec plusieurs entreprises européennes, alors qu'il était vice-président. D'ici la fin du mois, le parquet doit décider de relancer ou non les accusations qui visent l'ex-président. Elles avaient une première fois été abandonnées pour vice de forme, quelques semaines avant les élections de 2009 qui l'ont porté au pouvoir. Le dossier est actuellement entre les mains du procureur général Shaun Abrahams, surnommé « Shaun le mouton » en raison de sa proximité avec Jacob Zuma. À ce niveau, il y a lieu de rappeler que la justice a récemment annulé la nomination de ce procureur et intimé au nouveau président Cyril Ramaphosa de le remplacer. On se doute que son choix ne peut manquer d'influencer directement l'avenir judiciaire de Jacob Zuma dans ce dossier. « Il est tout à fait envisageable que Jacob Zuma aille en prison » pour cette affaire, avance Victor Magnani, spécialiste de l'Afrique du Sud à l'Institut français des relations internationales (Ifri), rappelant que son conseiller financier de l'époque Schabir Shaik a été condamné à 15 ans de prison.
L'interrogatoire
Ce scénario va concerner Jacob Zuma dans la tentaculaire affaire dite de « capture de l'État ». Dans un rapport explosif de 335 pages publié en 2016, la médiatrice de la République a détaillé comment une fratrie d'hommes d'affaires, les Gupta, avait pillé en règle les ressources publiques, avec la complicité de Jacob Zuma. L'enquête a piétiné pendant des mois mais elle s'est soudain accélérée alors que se profilait la chute de Jacob Zuma. La police a perquisitionné le domicile des Gupta à Johannesburg et émis un mandat d'arrêt contre l'un des membres de la fratrie. Parallèlement, une commission d'enquête judiciaire doit prochainement étudier les accusations faites dans le rapport. Elle pourrait convoquer Jacob Zuma pour entendre sa version des faits.
La grâce
Dans le cas où il serait condamné, Jacob Zuma peut demander la grâce au président de la République. Jacob Zuma, qui, très jeune, a rejoint la lutte contre l'apartheid, dispose encore de très nombreux alliés au sein du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC). Des soutiens qui pourraient, le moment venu, intercéder en sa faveur auprès du président Ramaphosa, soucieux de maintenir l'unité du parti. Accorder la grâce à l'ancien président pourrait toutefois être perçu comme un reniement de Cyril Ramaphosa, qui a fait de la lutte anticorruption l'une de ses priorités et promis que personne n'y bénéficierait de passe-droits.
L'exil
Selon des médias sud-africains, la famille Zuma possède des intérêts financiers à Dubaï. L'un des fils de l'ancien président, Duduzane Zuma, au cœur du scandale de « capture de l'État », a toutefois vigoureusement démenti avoir obtenu des Gupta une somptueuse résidence dans les Émirats arabes unis. « L'exil est un scénario légitimement envisageable » pour l'ex-président, compte tenu des poursuites qui lui pendent au nez, estime Victor Magnani, cité par l'AFP. Mais, en s'enfuyant, Jacob Zuma « avouerait à demi-mot tout ce qu'on lui reproche », ce qui « irait complètement à l'encontre de sa position qui est de dire qu'il n'a rien à se reprocher », ajoute-t-il.
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