Des rebelles FDLR déposent les armes au Kivu: reddition ou ...
FRANCE 24 - 5 hours ago
Toutes les photos ont été prises le 30 mai par notre Observateur
Charly Kasereka.
Depuis la fin des années 2000, les rebelles des Forces démocratiques
de libération du Rwanda (FDLR) terrorisent les populations du
Nord-Kivu. Mais le mouvement, qui se trouve dans le viseur de la
communauté internationale et de l'armée congolaise, semble
s'essouffler. Une centaine de rebelles ont choisi de déposer les armes
dans la région de Walikale, dans l'est du Congo. Un début de reddition
qui peine toutefois à convaincre.
Cette reddition avait été annoncée dès le 18 avril par les FDLR,
mouvement constitué de rebelles hutus rwandais [voir en bas de
l'article pour plus de détails]. Le groupe avait affirmé dans un
communiqué vouloir stopper la lutte armée pour "se consacrer à la
lutte politique au Rwanda". Une décision saluée par l'ONU et l'Union
africaine qui ont insisté sur une reddition totale du mouvement.
CHARLY KASEREKA
"Autour, beaucoup d'habitants dansaient et chantaient"
Charly Kasereka, journaliste et blogueur à Goma, était présent lors de
la première phase de reddition, près du petit village de Katéku.
Sur le lieu de reddition, j'ai été très surpris de ne compter qu'une
centaine d'hommes. Les FDLR n'avaient pas donné le nombre de personnes
qui allaient se rendre, mais on pouvait espérer en voir davantage
déposer les armes [dans la zone, le nombre de rebelles FDLR est estimé
à environ 1 000 sur un total de 2 000 dans les régions du Nord et du
Sud-Kivu, NDLR]. Ils étaient tous habillés en civils, mais la
cérémonie avait des allures militaires : ils étaient en ligne et au
garde-à-vous. Puis, ils ont déposé plusieurs dizaines d'armes, des
Ak47, des mortiers et des colts, dont un tiers était en très mauvais
état. Certains avaient des inscriptions comme "propriété du
gouvernement des États-Unis" .
Sur un colt déposé par les FDLR, on peut lire la mention "propriété du
gouvernement américain" en anglais.
Ceux qui se sont rendus semblaient très sereins, on n'avait pas
l'impression d'assister à un mouvement en échec militaire, qui dépose
les armes. Sur les 105 soldats, il y a même huit officiers qui sont
repartis dans la nature. Certains ont expliqué vouloir retourner en
brousse pour "sensibiliser d'autres FDLR à la reddition" ou encore
"cultiver leur champs". Et on les a laissés partir.
Les FDLR qui se rendaient ont effectué des démonstrations militaires.
Autour, beaucoup d'habitants dansaient et chantaient. C'est un vrai
soulagement pour eux. Les rebelles n'ont pas hésité, durant ces
dernières années, à piller les champs des habitants, et à mener des
exactions. Certaines filles du village m'ont affirmé avoir été
violées. Ces éclats de joie avaient l'air de gêner les porte-parole
des FDLR qui sont venus à plusieurs reprises leur parler en swahili
[langue parlée dans l'est de la RD Congo] pour leur demander de se
tenir. Beaucoup d'habitants n'ont d'ailleurs pas voulu témoigner au
micro, me faisant comprendre qu'ils craignaient d'éventuelles
représailles.
Des femmes du village célèbrent la reddition des FDLR.
D'autres m'ont affirmé qu'il y avait moins de pillages et un
changement de comportement chez les FDLR depuis quelques mois. Selon
le directeur de l'école du village, des rebelles venaient même dans
ses cours pour se perfectionner en français. Si les FDLR veulent
effectivement lancer un mouvement politique comme ils l'affirment, le
fait qu'ils essaient de vouloir apprendre une langue internationale
comme le français n'est pas très étonnant.
Des armes déposées par les FDLR.
CHARLY KASEREKA
Un trompe l'oeil pour la communauté internationale ?
Les FDLR sont, à l'origine, un groupe d'exilés rwandais hutus
dissident opposé au gouvernement de Kigali. Nombre d'entre eux sont
accusés par l'ONU d'avoir participé au génocide des Tutsis durant la
guerre civile au Rwanda.
Réfugiés dans l'est de la RDC depuis 1994, le groupe est accusé de
graves exactions contre les civils congolais.
En mars, l'ONU et l'armée congolaise ont lancé un ultimatum aux
rebelles, demandant leur désarmement.Très affaiblis, notamment à cause
des sanctions internationales qui viseraient plusieurs de ses sources
de financement, le mouvement a négocié la reddition des
"ex-combattants importants" contre des garanties sécuritaires et a dit
vouloir se consacrer à la "lutte politique". De son côté, Kigali
refuse de dialoguer avec la rébellion, dont un des piliers Sylvestre
Mudacumura, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour
génocide, n'a jamais été arrêté.
Cette reddition était la première d'une phase censée durer 22 jours et
devant se terminer par l'installation de 1 400 rebelles dans la
province de congolaise de l'Équateur, à 2 000 kilomètres à l'ouest du
Kivu. Les anciens FDLR décideront ensuite "de retourner au Rwanda ou
de demander l'asile", a expliqué Julien Paluku, le gouverneur du
Nord-Kivu, à "Jeune Afrique".
Selon lui, la RDC veut éloigner les FDLR de la frontière rwandaise
pour éviter que ces derniers ne s'échappent ou que la RDC soit accusée
de les "entraîner pour mener une éventuelle attaque" comme cela a été
le cas par le passé. Des précautions qui n'ont cependant pas convaincu
la société civile du Nord-Kivu, et notamment son vice-président, Omar
Kavota :
Les FDLR tentent une opération de communication pour montrer leur
bonne foi et échapper à la traque que voulaient lancer l'ONU et les
militaires congolais, en cas d'échec de l'ultimatum. Mais si on prend
en compte le nombre de combattants et d'armes qui circulent dans la
région de Walikale, cette première phase de reddition est très
insuffisante.
Les activités des FDLR restent très importantes dans le parc Virunga
et dans la région du Rutshuru. À Mashuta, nous avons même constaté la
création d'une milice locale qui se fait appeler Force pour la
protection du peuple Hutu dont on ne connaît pas encore l'objectif.
Nous craignons que les FDLR infiltrent ces milices locales.
Officiellement, ils n'existeraient plus en tant que FDLR aux yeux de
la communauté internationale, mais en réalité, ils continueraient
leurs activités.
Lundi 2 juin, la Monusco a estimé "insignifiant" le nombre de
combattants désarmés et réclamé une "reddition de tous les hauts
gradés dans les prochains jours".
Cet article a été rédigé en collaboration avec Alexandre Capron
(@alexcapron), journaliste pour les Observateurs de FRANCE 24.
http://www.google.ca/gwt/x?gl=CA&hl=en-CA&u=http://observers.france24.com/fr/content/20140603-rebelles-fdlr-armes-nord-kivu-reddition-communication-goma-congo-rdc-rwanda&source=s&q=fdlr
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SIBOMANA Jean Bosco
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