Friday, 11 April 2025

[Rwanda Forum] Rwanda: Les raisons de la grande colère de Kagame contre les Belges - Le Soir


Rwanda: Les raisons de la grande colère de Kagame contre les Belges - Le Soir.

https://www.lesoir.be/668279/article/2025-04-10/les-raisons-de-la-grande-colere-de-kagame-contre-les-belges

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Le président rwandais, furieux, fait de notre pays le responsable de tous ses déboires, des sanctions internationales aux difficultés du M23.


Par Colette Braeckman

Publié le 10/04/2025 à 18:42.

Temps de lecture: 3 min.


Fermeture de l'école belge à Kigali, interdiction d'accepter des fonds venus de Belgique : les mesures décidées cette semaine par le président Kagame avaient pour but de frapper le royaume. En réalité, elles touchent d'abord certains de ses compatriotes, les plus modestes comme les plus aisés. 


En effet, la rupture de la coopération au développement et l'interdiction faite aux Rwandais d'accepter des fonds venus de l'ancienne métropole ne bloquent pas seulement des projets soutenus par la coopération officielle mais elles risquent aussi, faute de moyens, de paralyser des initiatives privées bénéficiant aux plus défavorisés, veuves du génocide, enfants en situation difficile, ruraux vivant loin des lumières de Kigali, et appuyés depuis la Belgique par des projets souvent issus de milieux catholiques.


Quant à la fermeture de l'école belge de Kigali, elle frappe des familles aisées, qui pouvaient s'acquitter d'un minerval oscillant entre 2.500 et 3.000 dollars par trimestre, une somme élevée mais qui garantissait une possibilité d'accès ultérieur aux universités francophones de Belgique et d'Europe. Or cette mesure bénéficiera indirectement à une autre institution, tout aussi coûteuse mais anglophone, l'école Green Hills, fortement soutenue par la « Première dame », Jaynet Kagame et l'élite d'origine ougandaise.


En plus des dégâts provoqués par ces mesures, les images de la cérémonie de commémoration du génocide il y a quelques jours ont montré le chef de l'Etat rwandais sous un jour inhabituel : relativement seul, ses soutiens occidentaux n'ayant pas fait le déplacement et, surtout, profondément en colère.


En ces moments de deuil et de recueillement, toujours chargés d'émotion, le président a littéralement envoyé to hell (« au diable ») tous ceux qui ont osé le critiquer. En premier lieu, l'ancienne métropole, comme si la seule Belgique se trouvait à l'origine des sanctions décidées par l'Union européenne et des pressions américaines. Ou même du refroidissement des relations avec le fidèle allié britannique : alors que le précédent gouvernement conservateur avait déjà versé 288 millions de dollars au Rwanda pour qu'il accueille des demandeurs d'asile refusés sur l'île, le Parlement britannique a bloqué cette délocalisation des candidats réfugiés et le gouvernement de Keith Starmer refuse désormais de s'acquitter du solde de 60 millions que Kigali considère comme dû.


Avec un minimum de recul, on peut se demander ce qui vaut à la Belgique un tel « excès d'honneur ou d'indignité ». Plusieurs raisons sont déjà connues : Bruxelles a refusé de donner son agrément à l'ambassadeur Vincent Karega ; les cérémonies de commémoration du génocide ont été annulées par la ville de Liège et par le Parlement belge ; et lors de son passage à Bruxelles, le ministre rwandais des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe a tenté, sans succès, de dissuader les responsables européens d'adopter des sanctions contre son pays.


La guerre au Congo a distendu les liens entre Bruxelles et Kigali

Plus largement, des sources informelles soupçonnent les Belges d'avoir trop longtemps « penché » en faveur de Félix Tshisekedi. Ce dernier, qui a passé de longues années en Belgique, est fortement soutenu par une diaspora d'origine kasaïenne qui compte de nombreux électeurs, militants politiques et élus sur différentes listes. A Bruxelles, le chef de l'Etat congolais a longtemps pu compter sur des relations de très haut niveau et a été régulièrement reçu au Palais.


Par ailleurs, Bruxelles n'a pu ignorer que Tshisekedi, au fil de ses deux mandats, s'est entouré de conseillers très hostiles au Rwanda tels Kia Mandungu Bula Yati, ami « historique » de Jean-Pierre Habyarimana, fils de l'ancien président du Rwanda. Plus récemment, « Kia » a été la courroie de transmission entre Félix Tshisekedi et ses nouveaux amis des Emirats arabes unis, investisseurs et médiateurs.


C'est surtout la guerre menée au Congo par le M23 qui a distendu les liens entre Bruxelles et Kigali. Dans la capitale rwandaise, on met en cause les experts belges ayant contribué aux différents rapports de l'ONU dénonçant avec force détails l'implication des militaires rwandais aux côtés des rebelles du M23. Ces informations, précises et documentées, sont à l'origine de la vague de sanctions qui a frappé l'économie rwandaise.


Comme si cela ne suffisait pas, les Rwandais semblent avoir pris ombrage du fait que des instructeurs militaires belges se trouvent toujours sur la base militaire de Kindu dans le Maniema, au titre de formateurs de l'armée congolaise.


Le M23 dans une impasse politique

A Kigali, il se dit que parmi ces instructeurs se trouveraient des membres de forces spéciales belges qui se seraient avancés sur le front aux côtés des FARDC. Ils auraient pris des clichés démontrant la réalité de la présence rwandaise aux côtés du M23 et, surtout, auraient utilisé l'arme vedette de toutes les guerres d'aujourd'hui, les drones, qui peuvent photographier les positions adverses mais aussi les attaquer. Selon certaines sources, ces drones seraient à l'origine de déboires rencontrés par le M23 dans sa descente vers le Maniema. Les difficultés du M23 du côté de Walikale auraient les mêmes causes, ce qui pourrait expliquer la colère du président Kagame, chef militaire avant tout.


A ces hypothèses, il faut aussi ajouter une certitude : le M23, fort du soutien militaire rwandais, se trouve aujourd'hui dans une impasse politique. Les Tutsis congolais qui le composent sont des « broussards » venus des camps de réfugiés d'Ouganda ou des collines. Ils sont peu habitués à des villes surpeuplées et complexes telles Goma et Bukavu, leur comportement brutal (enlever des blessés dans les hôpitaux, abattre des suspects en pleine ville, chasser les déplacés de guerre vers des campagnes dévastées) ne les rend pas populaires, et la faiblesse de leur encadrement politique fait le reste, à tel point que les leaders tutsis « historiques » comme Azarias Ruberwa ou Moïse Nyarugabo prennent leurs distances.


Malgré les faiblesses d'une armée congolaise mal payée et compromise avec les Hutus FDLR, sans oublier la corruption du régime Tshisekedi, le M23 pourra remporter des batailles, mais on peut douter que les coeurs des Congolais lui soient jamais acquis. Quoi qu'en dise Kagame qui se défausse sur l'ancien colonisateur, cette guerre dont il devra un jour répondre n'est pas le fait des Belges.


Colette Braeckman


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