« Sous Trump, la diplomatie américaine va surtout stopper le terrorisme et faire plus d'affaires en Afrique »
Jendayi Frazer, ancienne du département d'Etat américain, analyse les conséquences pour l'Afrique de l'élection de Donald Trump, qui n'a encore rien dit du continent.
Jendayi Frazer, 55 ans, a été ambassadrice en Afrique du Sud et responsable de l'Afrique au département d'Etat américain pendant le second mandat de George W. Bush, de 2005 à début 2009. Au lendemain de la victoire de Donald Trump, elle tente de décrypter les conséquences pour l'Afrique de l'accession à la Maison Blanche du magnat de l'immobilier.
Donald Trump a-t-il, durant la campagne, exprimé sur l'Afrique un avis ou une idée qui nous aurait échappé ?
Jendayi Frazer Ses seules remarques étaient sur l'attaque contre des diplomates américains à Benghazi, en Libye, et la gestion de cette crise par Hillary Clinton. Je n'ai rien entendu d'autre de sa part sur l'Afrique, ni d'ailleurs de la part d'Hillary Clinton. C'est assez étonnant, cela doit être la première campagne où il n'est pas du tout question d'Afrique.
Votre explication ?
Les campagnes présidentielles se font toujours sur des questions de politique intérieure. Mais d'habitude il y a, dans les débats, des questions du genre « Qu'auriez-vous fait comme président quand des soldats américains sont morts à Mogadiscio », ou « Qu'auriez-vous fait quand a commencé le génocide au Rwanda ? ». Peut-être cette absence de l'Afrique dans la campagne est-elle due au fait qu'il n'y a pas eu récemment de crise majeure sur le continent dans laquelle les Etats-Unis étaient impliqués.
Donald Trump a-t-il, à votre connaissance, des liens avec le continent ?
Je ne connais pas sa vie privée mais, pour le reste, je ne vois pas. Pas de relations d'affaires, pas de voyages sur place.
A-t-on des indices sur qui a conseillé, ou va conseiller, Donald Trump sur les questions africaines ?
Aucun. Je suis allée ces derniers temps à plusieurs conférences sur les relations entre l'Afrique et les Etats-Unis, notamment ceux de l'organisation Constituency for Africa, mais les gens de M. Trump n'y ont jamais envoyé personne.
Quelles seront les conséquences économiques pour l'Afrique de cette élection ?
Le mot d'ordre, pour l'Afrique comme ailleurs, c'est que l'Amérique va se concentrer sur ses intérêts. Cela signifie stopper le terrorisme et faire plus d'affaires. Pour le commerce avec l'Afrique, ce sera je pense « business as usual », voire davantage. Les entreprisesafricaines ne menacent pas d'emplois aux Etats-Unis. L'AGOA [African Growth Opportunities Act, qui facilite aux pays africains l'accès au marché américain s'ils suivent les principes de l'économie libérale] va continuerd'exister, il a d'ailleurs été renouvelé récemment. C'est pas grand-chose, cela passera sous le radar. J'ai aussi l'impression que la Chambre de commerce des Etats-Unis, proche des républicains, va jouer un rôle encore plus important pour définir la politiquedu pays. Elle veut que les hommes d'affaires américains soient traités à égalité avec les autres, notamment les Chinois en Afrique.
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En revanche, il peut y avoir des questions de visas, qui sont déjà très difficiles à obtenir. Donald Trump veut suspendre l'immigration en provenance de pays enclins au terrorisme. Ce qui est une position assez extrême. Il pensait à la Syrie, mais cela pourrait rendre difficile les voyages d'affaires des Nigérians, des Maliens, des Camerounais, des Kényans, et de beaucoup d'autres.
Et la présence militaire américaine en Afrique ?
Cela dépend évidemment de qui sera nommé à la sécurité nationale et à la défense. Mais je ne crois pas que des projets comme la base d'Agadez, au Niger, seront remis en cause. Ses conseillers le lui diront et il le comprendra, il faut combattre le terrorisme à la racine, pas attendre qu'il se manifeste aux Etats-Unis.
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En revanche, je pense que la communauté des gens militant pour le respect des droits humains aura beaucoup moins d'accès à la Maison Blanche que sous Obama, lorsqu'elle s'est fortement opposée à la militarisation de la présence américaine en Afrique.
Et le programme Young African Leaders de Barack Obama ?
Il ne fera sans doute pas partie des priorités de Donald Trump, ni pour l'encourager, ni pour le supprimer. Il a reçu un soutien assez large, y compris dans les rangs républicains. Cela pourrait même être un des héritages des mandats Obama. Et puis vous savez, la plupart des programmes lancés continuent d'exister, malgré les administrations qui changent.
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Est-ce que l'arrivée de Trump à la Maison Blanche est une carte blanche pour des présidents contestés comme Pierre Nkurunziza, au Burundi, ou qui ont été priés de se retirer, comme Joseph Kabila en République démocratique du Congo (RDC) ?
C'est plus compliqué que cela. Et cela dépend d'abord de qui sera secrétaire d'Etat. Si c'est Newt Gingrich, il a une orientation internationale, il croit aux élections, à la démocratie, et que l'Amérique peut façonner la planète à son image. Ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle pour Joseph Kabila. Et surtout, la politique américaine va dépendre de ce qui se passe dans le pays. S'il y a des manifestations monstres, de la répression, un risque d'instabilité, il y a alors une forte probabilité pour que la position de Trump sur la RDC soit la même que celle d'Obama.
Les dossiers africains sur lesquels vont devoir se pencher en premier les nouvelles équipes ?
Le Burundi, où il faut évaluer le risque de génocide, le Soudan du Sud. Peut-être l'Ethiopie.
Un rôle pour vous maintenant que les républicains sont de retour ?
Je reste très engagée en Afrique [Jendayi Frazer réside une partie de l'année à Nairobi, au Kenya], mais je ne me vois pas revenirdans l'administration américaine, et celle qui se prépare en particulier, qui n'a pas encore clarifié ses positions.
Au fond, vous ne semblez pas très inquiète pour l'Afrique…
Je pense que cette élection va conduire les pays africains et les organisations régionales du continent à jouer un rôle plus important. Cela laissera plus de place aux solutions africaines pour l'Afrique.
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Mais je suis inquiète pour les opérations de maintien de la paix. C'est très important de soutenir celles des Nations unies en RDC, en Centrafrique, au Soudan du Sud, ou de l'Union africaine en Somalie. George Bush a fait beaucoup dans ce domaine. Il faut dire que c'est pendant ses mandats que se sont terminés les conflits au Liberia, en Sierra Leone, en Angola, en RDC, au Soudan et au Burundi, le précédent conflit. Mais si quelqu'un comme John Bolton [ancien ambassadeur auprès des Nations unies, proche des néo-conservateurs] accède à des responsabilités, il pourrait vouloir supprimer tout soutien américain, cela a toujours été sa position, et cela pourrait faire mal.
Posted by: Winfield Mohawk <nzinink@yahoo.com>
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