Johnnie CarsonÈ
Washington ne s'est jamais démarqué de sa volonté d'appliquer à la République démocratique du Congo la thérapie du « divide et impera » (NDLR : diviser pour mieux régner). Devant The Brookings Institution, son ex-secrétaire d'Etat aux affaires africaines, Johnnie Carson, l'a réaffirmé haut et fort que seul le schéma ayant fait ses preuves en Yougoslavie et au Soudan permettrait de ramener durablement la paix dans l'Est. Tout le monde le sait, ces deux pays ont disparu pour être remplacés par des Etats nains. En contrepartie de la paix (formula made in Washington) la Yougoslavie a enfanté la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, le Monténégro, le Kosovo et la Macédoine. Le Sud-Soudan et le Soudan ont émergé des cendres de l'ex-Soudan. Sans surprise, les Nations unies, sous la coupe des USA, ont piloté le processus de démantèlement de bout en bout. Ironie du sort, les Nations unies, toujours elles, sont associées au projet de balkanisation de la RDC.
Le Département d'Etat américain affirme disposer des « preuves d'une intensification des tensions ethniques à Goma », réduisant la déflagration actuelle à un conflit interethnique. Erreur d'analyse ou mauvaise foi de la part de la diplomatie américaine sur le regain des tensions enregistré dans l'Est depuis le mercredi 21 août 2013. Washington embouche la thèse de Kigali et, pince sans rire, crie au feu avant même l'étincelle. Pétrifié de n'avoir pas pu prévenir le génocide de 1994, il s'évertue à ignorer le génocide que Paul Kagame et ses sbires sont en train de commettre en RDC au motif fallacieux et ridicule que des Congolais d'origine rwandaise seraient menacés dans l'Est. Par cette attitude floue, l'administration Obama se dévoile en voulant dédouaner Kigali.
Secret de polichinelle. Washington ne s'est jamais démarqué de sa volonté d'appliquer à la République démocratique du Congo la thérapie du « divide et impera » (NDLR : diviser pour mieux régner). Devant The Brookings Institution, son ex-secrétaire d'Etat aux affaires africaines, Johnnie Carson, l'a réaffirmé haut et fort que seul le schéma ayant fait ses preuves en Yougoslavie et au Soudan permettrait de ramener durablement la paix dans l'Est.
Tout le monde le sait, ces deux pays ont disparu pour être remplacés par des Etats nains. En contrepartie de la paix (formula made in Washington) la Yougoslavie a enfanté la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, le Monténégro, le Kosovo et la Macédoine. Le Sud-Soudan et le Soudan ont émergé des cendres de l'ex-Soudan. Sans surprise, les Nations unies, sous la coupe des USA, ont piloté le processus de démantèlement de bout en bout.
Ironie du sort, les Nations unies, toujours elles, sont associées au projet de balkanisation de la RDC. Elles ont pris pied chez le voisin du Rwanda au motif d'y ramener la paix, mais dix ans sont passés sans que la paix pointe à l'horizon. Monuc, puis Monusco, ce changement de dénomination a renforcé le sens de la ballade que les Casques bleus effectuent en RDC, leur spécialité étant l'observation des conflits et la comptabilisation des morts.
Les Etats-Unis se dévoilent
Alors que la guerre a repris dans l'Est, c'est le moment que choisissent les Etats-Unis pour donner de la voix et, pis encore, remuer le couteau dans la plaie. Comme si tout le mal fait à la RDC – soit plus de six millions de morts - ne suffisait pas.
Dimanche, l'administration Obama a exprimé son inquiétude sur l'aggravation des affrontements qui opposent l'armée gouvernementale aux rebelles du M23, dans l'Est de la RDC. Ce camouflet intervient au moment où les gouvernements congolais et rwandais s'accusent mutuellement au sujet des accrochages frontaliers de ces derniers jours.
Le porte-parole du département d'Etat américain, Marie Harf, a fait part de ce qu'il faut considérer comme la position du gouvernement des Etats-Unis : « Nous appelons de façon urgente les gouvernements de la RDC et du Rwanda à faire preuve de retenue afin d'éviter une escalade militaire du conflit ou de toute action qui présente un risque pour les civils ».
Là où le bat blesse c'est lorsque Marie Harf dit détenir des preuves d'intensification des tensions ethniques à Goma. « Nous sommes profondément préoccupés par les preuves d'une intensification des tensions ethniques à Goma et nous demandons à toutes les parties d'éviter toute action qui pourrait aggraver ces tensions », a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain.
Que des obus tombent à Goma, causant mort d'hommes, et que les Etats-Unis y voient tout juste un conflit interethnique qui aurait dégénéré, c'est odieux et criminel de la part d'une Nation qui a la réputation d'être une grande démocratie et un pays précurseur de la défense et de la protection des droits humains.
Et puis, de quelles preuves parle-t-il ? Celles fournies par le Rwanda chaque fois qu'il se sent acculé ? Fichtre ! Jusques à quand se moquera-t-on de la RDC et de son peuple ?
Voilà une démonstration de parti pris dans le chef du département d'Etat américain. Il a indiqué sa préférence entre le peuple congolais et le peuple rwandais.
De toutes les manières, c'est bien fait que Marie Harf ait vidé ses tripes et boyaux. Car, tout se tient, désormais. Bien avant lui, six sénateurs américains s'étaient empressés, à l'issue de leur visite en RDC, de suggérer une solution politique au conflit armé qui sévit dans les Grands Lacs.
Dans ce jeu d'hypocrisie, doublée de complicité et de conspiration manifestes à l'endroit de la RDC et du peuple congolais, les Etats-Unis devraient faire profil bas et arrêter de prétendre compter parmi les amis ou partenaires. D'abord, ils ont évité de condamner le Rwanda pour avoir organisé, avec son filleul de M23, le lancement des obus aussi bien à partir du sol congolais que du territoire rwandais.
Et pourtant, tous les éléments sur le terrain, particulièrement ceux collectés par la Brigade spéciale d'intervention des Nations unies qui combat aux côtés des FARDC, attestent que des tirs d'obus sur la ville de Goma sont partis du territoire rwandais.
Que Washington ramène la crise de l'Est de la RDC, avec le regain des tensions autour de Goma, sur une base ethnique alors que rien de tel ne l'atteste sur le terrain, il y a bien anguille sous roche.
N'empêche ! Désormais, tout est clair comme l'eau de la roche. Les Etats-Unis analysent le conflit de l'Est suivant un prisme qui disculpe le régime de Kigali. Ils viennent de prouver, sans sourciller et noir sur blanc, que le Rwanda passe pour la « prunelle » de leurs yeux, méritant tous les soutiens et jouissant de leur protection tous azimuts. Contre vents et marées.
Washington est inscrit dans un schéma clair et précis, celui de morceler la RDC et l'empêcher de devenir cette puissance régionale à même de perturber ses calculs hégémoniques. Espérer autre chose de ce dernier, ce serait se retrouver dans l'univers dramatique de la pièce ''en attendant Godot''.
Le bourbier de l'Est est toujours actif. Bien plus, il s'enracine, posant les bases de la balkanisation de la RDC.
[lePotentiel]
29 août 2013
Umutekano