Génocide au Rwanda: Félicien Kabuga "veut être jugé en France"
Quatre jours après son arrestation en banlieue parisienne, M. Kabuga, détenu à la prison de la Santé, a été amené en chaise roulante à la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris.
Celle-ci doit examiner la validité du mandat d'arrêt émis par le Mécanisme des tribunaux pénaux internationaux (MTPI) - la structure chargée d'achever les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) - puis émettre un avis, favorable ou non, sur sa remise.
Lors de l'audience, au cours de laquelle Félicien Kabuga a indiqué, en kyniarwanda, être âgé de 87 ans et non 84 ans comme cela était mentionné dans le mandat d'arrêt, ses avocats ont demandé un délai de huit jours pour pouvoir préparer sa défense, ce qui a été accepté. Il devra donc de nouveau comparaître le 27 mai.
"Félicien Kabuga bénéficie de la présomption d'innocence et a droit à un procès équitable", a plaidé l'un de ses avocats.
"Il veut être jugé en France, c'est ce qu'il m'a demandé de défendre", a poursuivi Me Laurent Bayon.
"La justice a attendu Félicien Kabuga 25 ans, pourquoi une telle précipitation?", a-t-il lancé, affirmant que le parquet général voulait "se débarrasser" de lui et "le voir juger ailleurs, surtout pas en France".
L'avocate générale a rétorqué avoir agi afin "de contraindre au maximum les délais de détention" pour l'octogénaire.
Elle a par ailleurs souligné que la question de son transfèrement à Arusha, en Tanzanie, se posait compte-tenu de la "crise sanitaire". Elle a indiqué qu'un procureur du MTPI était en train de solliciter qu'il soit plutôt transféré à La Haye.
M. Kabuga est mis en accusation par le MTPI pour, notamment, "génocide", "incitation directe et publique à commettre le génocide" et "crimes contre l'humanité (persécutions et extermination)".
Il est notamment accusé d'avoir créé les milices Interahamwe, principaux bras armés du génocide de 1994 qui fit 800.000 morts selon l'ONU.
En 1994, il appartenait au cercle restreint du président rwandais Juvénal Habyarimana dont l'assassinat, le 6 avril 1994, allait déclencher le génocide.
Il présidait la tristement célèbre Radio télévision libre des Mille collines (RTLM), qui diffusa des appels aux meurtres des Tutsi et le Fonds de défense nationale (FDN) qui collectait "des fonds" destinés à financer la logistique et les armes des miliciens hutu Interahamwe, selon l'acte d'accusation du TPIR.