Jean-Philippe Rémy - lemonde.fr
Des Africains soutenant Donald Trump, mais sans le crier sur les toits. Au cours des semaines précédant l'élection présidentielle américaine, ce type d'opinion ne surgissait qu'en petit comité, à l'heure des confidences, souvent dans un halo d'euphémismes prudents. Des interlocuteurs originaires de plusieurs pays d'Afrique, cependant, y laissaient percer la même attirance inattendue à l'égard du magnat de l'immobilier.
Etait-ce une simple contradiction, un point de vue marginal ? Il était difficile de l'affirmer, car de tels points de vue s'affirmaient rarement de manière publique jusqu'au jour de l'élection. Seule certitude : ce n'était pas là une opinion anecdotique.
Les intellectuels, les écrivains, du continent n'ont pas cédé à cette tentation. Wole Soyinka, prix Nobel nigérian de littérature (en 1986), a déclaré sur la BBC que dans le cas d'une victoire de Donald Trump, il « déchirerait sa carte verte [américaine] ». Cette voix ne semble pas porter dans les milieux où se manifeste l'attente d'un président américain de rupture, à tout prix. « Le système ne le laissera jamais gagner. Les hommes comme ça, on les neutralise, parfois, on les assassine », croyait même pouvoir affirmer un de ces soutiens discrets, comme s'il parlait de Martin Luther King. C'était une dizaine de jours avant le scrutin.
Et une fois la victoire de Donald Trump connue ? Dans le même milieu, certains se réjouissent, le jour des résultats, de ce « grand changement », mais encore à couvert, sur des forums fermés, entre soi. « Donald va travailler dur. Il va montrer à tous ces gens qu'ils ont tort, et il va développer les centres-villes [désertés par les classes supérieures et habités par des populations noires déshéritées] », affirmait la conseillère d'un président africain ayant fait une partie de ses études aux Etats-Unis, comme une partie de ces Africains pro-Trump discrets.
Il a fallu les déclarations de chefs d'Etat, à commencer par celui du Burundais Pierre Nkurunziza, pour donner un autre ton à cette parole publique. « Votre victoire est la victoire de tous les Américains », s'est-il réjoui. Cette joie est à détentes multiples. Le président burundais peut sans doute se féliciter de l'échec d'Hillary Clinton, dont il pouvait avoir calculé qu'elle conserverait une proximité avec le président rwandais, Paul Kagamé, son ennemi juré. Une forme d'influence inversée, en somme.
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/11/10/l-afrique-qui-vote-trump-en-secret_5029006_3212.html
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-The hate of men will pass, and dictators die, and the power they took from the people will return to the people. And so long as men die, liberty will never perish.
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