La Haye, Pays-Bas, le 25 Janvier 2014
Communiqué : Manifestation de Soutien à Madame Victoire Ingabire
Chers Membres des FDU-INKINGI,
Chers amis de la plateforme FDU INKINGI – IHURIRO RNC – AMAHORO PC,
Messieurs les représentants des partis politiques PDP-Imanzi, PDR-Ihumure, PS-Imberakuri
Monsieur le coordinateur du Cliir et tous les représentants de la société civile
Chers sympathisants des FDU-NKINGI
Rwandaises, Rwandais,
Chers Amis du Rwanda,
A vous toutes et tous en vos honneurs et fonctions,
Au nom des FDU-Inkingi, nous vous remercions pour votre présence dans cette manifestation publique de soutien à notre Présidente, Madame Victoire Ingabire Umuhoza qui vient d'être condamnée à 15 ans de bagne par la justice politique du régime rwandais.
Nos premières paroles vont donc à notre Présidente injustement condamnée. Nous sommes tous et toutes venus pour lui témoigner notre soutien et pour lui assurer que, bien qu'elle soit momentanément et matériellement empêchée de conduire la lutte pour la démocratie et l'émancipation du peuple que nous avons initié ensemble, nous continuerons le combat pour lequel nous nous sommes engagés ensemble jusqu'à la conquête totale de nos droits et libertés et à la libération totale du peuple rwandais du joug dictatorial sous le quel il croupit depuis bientôt deux décennies.
Cette manifestation a été décidée longtemps avant l'assassinat d'un camarade de lutte, Patrick Karegeya, tué en Afrique du Sud dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier par le régime rwandais, par le président Kagame en personne, puisqu'il a lui-même revendiqué le crime lors du déjeuner de prière qui a eu lieu le 12 janvier à Kigali. Nous saisissons donc cette opportunité pour nous incliner devant la mémoire d'un camarade de lutte, et rendre hommage à un ami. Patrick Karegeya vient de donner sa vie, de verser son sang, pour nos idéaux communs de démocratie et du vivre ensemble entre rwandais, sans considération de nos origines ethnique, régionale, confessionnelle, sociale, pour le droit à la mémoire et le devoir de mémoire de toutes les victimes de l'hécatombe rwandaise de 1990 à 2000. Nous vous invitons à un moment de silence. Patrick, cher ami, ton sang versé est le levain de notre liberté et de notre victoire.
Notre pensée va ensuite à d'autres camarades de parti, injustement condamnés pour les crimes d'avoir tenu une réunion politique dans un lieu privée et d'avoir assisté au procès de notre Présidente. Nous pensons en particulier notre camarade, Sylvain Sibomana, Secrétaire général du parti condamné le 13 janvier 2014 à 6 ans de prison, en plus des deux ans antérieurement. M. Sibomana fait partie en effet, des premiers compagnons d'arme qui ont rejoint Mme Ingabire immédiatement après son retour au Rwanda le 16 janvier 2010, après un exil de 16 ans aux Pays-Bas. D'autres, comme Anselme Mutuyimana, Abayisenga Venant, Byukusenge Emmanuel, Gasengayire Léonille, Irakoze Jenny Flora, Nahimana Marcel, Hitimana Samuel, Tuganemungu Christian, Ufitamahoro Norbert, Uwiringiyimana Valens, Uwiringiyimana Vénuste croupissent en prison. Madame Irakoze Jenny Flora vit l'errance de l'exil intérieur ou extérieure.
Nous avons aussi organisé cette manifestation publique pour dire merci à la famille de la prisonnière qui a consenti à tant de sacrifices et qui se trouve aujourd'hui privée d'une épouse, d'une mère, d'une enfant. Cher Lin, avec tous les tiens, merci tout simplement.
Notre Présidente a été condamnée à 15 ans. Nous n'allons pas attendre qu'elle purge cette lourde et injuste peine pour pouvoir recouvrer sa liberté. Nous allons utiliser toutes les possibilités de pression politique pour qu'elle soit libérée au plus tôt. Madame Victoire Ingabire nous a communiqué son intention de se pourvoir à la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples. Une fois, la copie de jugement obtenue, nous allons la scruter et lui ferons part de nos recommandations, en tant que parti politique. Il reviendra à elle, en définitive, de suivre ou de ne pas suivre nos recommandations. Nous pensons aussi à d'autres pistes, notamment la Commission des Nations Unies pour les droits de l'homme. La voie judiciaire est une voie parmi tant d'autres. Toutefois, ayant été emprisonnée pour des raisons politiques, nous ne pouvons pas écarter que ce soient les mêmes raisons politiques qui la libéreront et nous allons continuer à nous y déployer
Mesdames, Messieurs,
Si notre camarade, Victoire, se trouve dépouillée de sa liberté, c'est bien sûr à cause d'une police et d'une justice aux ordres du régime rwandais. Cette justice politisée ou politique est appuyée politiquement et financièrement par un pays, lequel se trouve en même temps être le pays d'adoption de notre Présidente. Nous voulons nommer les Pays Bas.
Nous sommes donc ici devant le Parlement néerlandais, instance qui représente le Peuple souverain des Pays Bas, pour lancer trois messages forts au gouvernement et à travers lui, le Gouvernement et le Peuple néerlandais :
Premièrement, l'argent du contribuable qui soutient les services de police et de la justice tue puisqu'il contribue à assassiner des opposants politiques et des journalistes de la presse libre, jusqu'à les poursuivre hors des frontières. Le cas le plus récent concerne l'assassinat de notre camarade Patrick Karegeya, tué empoisonné et étranglé en Afrique du sud par les services rwandais. Je pourrais citer entre autres Mugabo Manassé, Seth Sendashonga, Augustin Bugirimfura, Emmanuel Munyemazi, Théoneste Lizinde, Kabera Assiel, Augustin Cyiza, Runyaruka Eléazar, Hitimana Léonard, Rwisereka Kagwa, Charles Kabonero, Jean-Léonard Rugambage. La liste est longue.
Deuxièmement, l'argent du contribuable néerlandais sert à construire une justice mise au pas par le régime et créer une machine à emprisonner des opposants politiques. A ce jour, tous les chefs des partis politiques au Rwanda sont en prison parce que le régime veut empêcher ces leaders à exercer des mandats publics, y compris à pouvoir accéder à la magistrature suprême. La Présidente des FDU Inkingi, Victoire Ingabire, le Président du PDP Imanzi, Deo Mushayidi, Le Président du PS Imberakuri, Bernard Ntaganda sont tous en prison.
Troisièmement, l'argent du contribuable sert à ériger des murs légaux et des obstacles administratifs pour l'enregistrement des partis politiques d'opposition afin d'empêcher ces derniers à concourir normalement à l'expression du suffrage, à l'essor des libertés publiques et à l'ancrage du débat démocratique. C'est ainsi que jusqu'à aujourd'hui, seuls les partis politiques à la botte du régime sont les seuls agréés formellement et la loi sur les partis politiques, avec la multitude de peines prévues, constitue en soi un deuxième code pénal en soi.
Quatrièmement, nous sommes venus dire au gouvernement néerlandais de surseoir à son projet de renvoi pour jugement au Rwanda d'un nombre important de rwandais accusés de participation supposée au génocide de 1994. Sans préjuger de la culpabilité ou de l'innocence de nos compatriotes, nous aimerions attirer l'attention du gouvernement néerlandais que le pays dans lequel ces personnes risquent d'être envoyées ne pourront pas bénéficier d'une justice équitable. En effet, il s'agit d'un pays où ses dirigeants sont accusés des graves crimes contre l'humanité, de crimes de guerre et de violations massives du droit humanitaire international. Les plus hautes autorités de l'Etat, qui par ailleurs ont la mainmise sur les tribunaux, sont accusées dans le Rapport Mapping de possible génocide sur les réfugiés hutu. Selon le rapport du groupe d'experts de l'ONU sur la RDC, les autorités rwandaises sont accusées de recrutement forcé d'enfants soldats, de viol et de soutien directe aux rebelles du M23.
Nous demandons au Gouvernement néerlandais de les juger aux Pays Bas même, si des indices de culpabilité sont avérés. En même temps, nous avons envie de dire à nos compatriotes pourchassés : ne vous laissez pas tondre, debout, sortez de la torpeur dans lequel vous êtes plongés pour réclamer vos droits. Car nul autre ne le fera à votre place. Bougez, défendez-vous, faites connaître votre situation à l'opinion néerlandaise.
Un mot de la fin pour vous dire encore merci pour être venu témoigner votre solidarité à notre camarade Victoire, et à travers elle, tous nos camarades injustement emprisonnés. Merci à tous les militants des FDU, à l'intérieur du Rwanda comme à l'extérieur, pour votre engagement et votre esprit de sacrifice. Prochain rendez-vous le 22 février à Bruxelles devant le Parlement européenne. Ensemble, avec détermination, nous les libérerons !
Dr. Nkiko Nsengimana
Coordinateur des FDU-Inkingi