L'élection d'Agathon Rwasa au poste de vice-président de l'Assemblée nationale avec les voix du parti au pouvoir a semé le trouble au sein de l'opposition burundaise. Même si depuis le début de la contestation, Agathon Rwasa, principal opposant du pays, leader historique de l'ancienne rébellion des FLN, s'était singularisé par certaines prises de position. Au point que certains le soupçonnaient de vouloir faire cavalier seul. Une méfiance d'une partie de la classe politique burundaise vis-à-vis d'Agathon Rwasa qui ne date pas d'hier.
A Bujumbura, Agathon Rwasa est volontiers qualifié d' « ambigu », « changeant », « insaisissable ». Ambigu, l'ancien chef rebelle l'a été d'abord vis-à-vis des manifestations : il n'a jamais personnellement appelé à descendre dans la rue, tout en disant comprendre les motivations de ceux qui protestaient.
Il l'a ensuite été en décidant d'être candidat à la présidentielle tout en expliquant que le climat sécuritaire ne permettait pas d'organiser un scrutin crédible et qu'il concourrait à condition que Pierre Nkurunziza retire sa candidature. Mais finalement, quelques semaines plus tard, à la veille de la présidentielle, Agathon Rwasa est le seul des candidats de l'opposition à refuser d'annoncer formellement son retrait de la course tout en appelant au boycott du scrutin.
Ambigu, Agathon Rwasa l'a encore été en refusant la semaine dernière de soutenir le Conseil national pour la restauration de l'accord d'Arusha, une plateforme d'opposition destinée à poursuivre la lutte contre le président Pierre Nkurunziza. Expliquant, pour justifier ce choix, ne pas avoir été associé aux discussions préalables, quand d'autres lui reprochent au contraire ses absences répétées à certaines réunions d'opposition.
Finalement, c'est peut-être dans son refus de valider les résultats des élections qu'Agathon Rwasa avait jusqu'à présent été le moins ambigu, les qualifiant systématiquement de « fantaisistes ». Il l'avait répété en fin de semaine dernière encore. Savait-il déjà, alors, qu'il deviendrait le vice-président d'une Assemblée nationale issue de l'un de ces mêmes scrutins. Beaucoup aujourd'hui s'interrogent.
Il n'avait pas beaucoup le choix. Le boycotte de 2010 a laissé beaucoup de séquelles et la perspective d'être encore cinq ans sur le carreau a vaincu les dernières réticences face à un partie qui finalement a défié le monde entier.
Antoine KabuhareDirecteur de l'hebdomadaire Iwatchu31/07/2015 - par Anthony LattierÉcouter
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