France24
La ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Louise Mushikiwabo, a livré à France 24 son sentiment après le discours de François Hollande au sommet de la Francophonie, samedi à Dakar. Elle regrette le ton paternaliste du chef de l'État français.
Samedi, le président François Hollande a mis en garde "les dirigeants qui voudraient s'accrocher au pouvoir à tout prix", devant les chefs d'État et de gouvernement, majoritairement africains, réunis au XVe sommet de la Francophonie à Dakar.
"La Francophonie est soucieuse des règles en démocratie […] de l'aspiration des peuples, de tous les peuples à des élections libres", a assuré le chef de l'État français, en faisant référence à la "leçon" de la transition tunisienne ou encore à "la belle démonstration" du peuple burkinabè, qui a poussé vers la sortie Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans.
Un discours très applaudi hier, mais qui n'a pas plu à la ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Louise Mushikiwabo. "Je trouve ça gênant qu'un président qui est avec ses pairs, ici, au sommet de la Francophonie ne vienne pas discuter avec eux, mais dicter ce qui devrait se passer dans leur pays" a-t-elle expliqué au micro de France 24, parlant d'une attitude "très inélégante".
"Qui décide de l'avenir politique des Africains ?" s'est elle interrogée, avant de trancher "ce n'est pas Paris qui décide, c'est évident".
Si elle reconnaît que le président français peut "exprimer son point de vue [et] donner des conseils à ses pairs", elle regrette le ton paternaliste et quasi directif. "Lorsqu'il dit 'je suis venu à Dakar pour dire aux Africains', je trouve que ce n'est pas normal ! Nous sommes en 2014 !" s'est-elle indignée.
Le Rwanda, premier opposant aux positions françaises en Afrique
Le Rwanda, par la voix de sa ministre, s'oppose régulièrement aux prises de positions de François Hollande. En avril, le boycott des commémorations du génocide Rwandais par la France après les propos du président Paul Kagame, accusant Paris d'avoir joué un "rôle direct dans la préparation du génocide", avait déjà suscité une vive réaction de Louise Mushikiwabo.
"Il est impossible pour nos deux pays d'avancer, si la condition est que le Rwanda doive oublier son histoire pour s'entendre avec la France (...) Nous ne pouvons avancer au détriment de la vérité historique du génocide" avait alors déclaré la chef de la diplomatie rwandaise.