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Saturday, 5 April 2014

[RwandaLibre] Re: *DHR* France-Rwanda : l'enquête de la discorde

 

Les manipulateurs ont été et sont toujours nombreux: les media , ceux qui ont soutenu Kagame pendent la guerre,  et l'enquête balistique britannique payée par Kagame. Sans oublier C. Braeckman, raciste, manipulatrice, démagogue, qui passe tout  son temps a démentir les Rwandais sur la situation qu'ils on vécus, y compris ceux qui ont participé a la planification de l'attentat. L'incompétence de la part de  Marc Trévidic  est de déclarer que la vérité a été trouvée sur base de son voyage au Rwanda alors qu'il continue les enquêtes.  Ce qui a renforcé les  manipulations  en donnant plus d'arguments aux personnes comme C. Braeckman qui veulent étouffer la verite a tout prix.


From: "agnesmurebwayire@yahoo.fr" <agnesmurebwayire@yahoo.fr>
To: Democracy_Human_Rights@yahoogroupes.fr
Sent: Saturday, 5 April 2014, 10:56
Subject: *DHR* France-Rwanda : l'enquête de la discorde

 
Christophe Ayad et Philippe Bernard – lemonde.fr, le 5 avril 2014
 
 Mis à part, sans doute, les services secrets américains et français, nul ne sait avec certitude qui a abattu, le 6 avril 1994 au soir, dans le ciel de Kigali, le Falcon 50 du président rwandais Juvénal Habyarimana.

Vingt ans après le drame qui marqua le début du génocide, le juge Marc Trévidic devrait conclure, probablement l'été prochain, l'instruction ouverte en France en 1998.

Son travail, largement salué pour son indépendance, a permis de rompre avec des années d'une enquête biaisée et de progresser vers la vérité. Lui permettra-t-il pour autant de désigner des coupables, de les renvoyer devant une cour d'assises, bref de faire justice ? Rien n'est moins sûr.
Qui a tiré le missile qui fut fatal aux douze occupants de l'avion que François Mitterrand avait offert à Juvénal Habyarimana ? Le Front patriotique rwandais (FPR) du général Paul Kagame, l'actuel président, alors chef des rebelles tutsi en pleine offensive pour la prise du pouvoir ? Ou les Hutu extrémistes du camp Habyarimana lui-même, furieux contre un président qui venait de se résoudre à partager le pouvoir avec les Tutsi ?
Si l'attentat du 6 avril a constitué l'élément déclencheur des massacres, il n'est pas la cause de ces tueries préparées par des semaines de propagande haineuse et de quadrillage de la population par un régime dictatorial.
Pourtant, par un raccourci parfois lourd d'arrière-pensées, l'idée a longtemps prévalu que les auteurs de cet attentat se confondaient avec les responsables du génocide. Dès lors, rechercher les tireurs des deux missiles mortels revenait à instruire le dossier du génocide lui-même.
A la tête d'une armée formée de Tutsi réfugiés en Ouganda depuis les massacres des années 60, le général Kagame a conquis le pouvoir à Kigali « au prix du massacre des Tutsi dits "de l'intérieur" », assénait le juge antiterroriste dans son ordonnance de novembre 2006, révélant l'analyse politique qui imprégnait sa démarche.
En attribuant une « stratégie criminelle » à Paul Kagame, Jean-Louis Bruguière gommait à la fois la responsabilité dans le génocide du régime hutu soutenu par la France, et le rôle de Paris dans la formation et l'armement des militaires qui allaient le commettre.
Entre les mains de l'ancien magistrat, dit une source proche de l'enquête actuelle, le dossier était pratiquement devenu « un instrument au service de la défense des auteurs du génocide, voire un moyen de le nier ». Contacté par Le Monde, M. Bruguière n'a pas souhaité s'exprimer.
Le juge Marc Trévidic – qui a pris la relève en juin 2007 – a procédé différemment. Au lieu de se focaliser sur le « pourquoi ? » de l'attentat, il a repris l'enquête en cherchant à répondre à la question « comment ? » à partir d'éléments les plus objectifs possibles. Repartir de zéro ? Le nouveau juge d'instruction n'avait guère le choix : les mandats d'arrêt internationaux émis par son prédécesseur le 22 novembre 2006 visant neuf proches du président Kagame avaient conduit à la rupture des relations diplomatiques avec Paris, bloquant de fait l'enquête.
 Ces investigations de terrain, que M. Bruguière n'avait pas jugée utiles, allaient changer la donne. Alors que de multiples contradictions et les soupçons de manipulation rendaient difficiles l'exploitation des témoignages recueillis jusque-là, l'expertise a permis de valider scientifiquement la trajectoire des deux missiles tirés le soir du 6 avril.
Près de dix-huit ans après les faits, le rapport présenté aux parties en janvier 2012 tranchait entre les deux hypothèses qui s'opposent quant au lieu des tirs, désignant chacune l'un des belligérants.
Par élimination, le document a retenu la zone de Kanombe, où est situé un camp militaire occupé en 1994 par les Forces armées rwandaises (FAR) du régime Habyarimana. La thèse retenue par Jean-Louis Bruguière pour incriminer le FPR a été formellement infirmée : les deux missiles tirés le 6 avril 1994 n'ont pu être tirés de la colline de Masaka tenue par les rebelles.
La zone de Kanombe ne désigne pas nécessairement le camp militaire. En outre, le dossier reste truffé de soupçons de manipulations. Ainsi, les tubes de missile retrouvés, le 25 avril 1994 « par hasard » par des villageois et saisis par les FAR, portaient des numéros attestant d'une fabrication soviétique et d'une livraison à l'Ouganda, qui accusaient le FPR.
Bizarrement, ils avaient été placés sur un matelas, au milieu d'un champ de papyrus gorgé d'eau et infesté de serpents, manifestement pour qu'ils soient retrouvés. Mais l'intoxication peut venir de l'autre camp, qui a pu manipuler des témoins afin de mettre la France en accusation.
Le juge, lui, ne peut mettre en examen des personnes que s'« il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable » leur participation ou leur complicité à l'attentat. Marc Trévidic doit statuer sur le sort de sept des neuf personnes visées en 2006 par l'ordonnance Bruguière mis en examen depuis lors. Une huitième est décédée ; la neuvième, Faustin Kayumba Nyamwasa, exilé en Afrique du Sud, a échappé en 2010 à une double tentative d'assassinat bar balles après avoir accusé Paul Kagame d'être l'instigateur de l'attentat de 1994.
TÉMOIGNAGES TARDIFS ET CONTRADICTOIRES
Depuis deux ans, le juge Trévidic demande en vain à Pretoria l'autorisation de l'entendre, comme il avait sollicité l'audition d'un autre acteur-clé, Patrick Karegeya, ancien chef des services secrets de Paul Kagame… avant qu'il ne soit étranglé, le 1er janvier 2014, dans une chambre d'hôtel de Johannesburg, probablement par des hommes de main au service de Kigali.
A la fin de 2013, le magistrat a rejeté pour la deuxième fois une demande de clôture du dossier. Kigali a fait pression pour obtenir des non-lieux avant l'anniversaire du 6 avril. Mais le juge se doit encore d'entendre les Rwandais qui sont sortis du bois depuis la publication du rapport d'expertise. Dissidents du régime Kagame, ils accusent tous l'actuel président de l'attentat de 1994.
Tardifs, contradictoires, leurs témoignages reflètent l'émergence des nouveaux enjeux politiques apparus autour de l'enquête, dans un Rwanda de plus en plus autoritaire.
Dans ce contexte, Marc Trévidic est donc sur le point de conclure. Mais quelle que soit sa décision – non-lieu partiel, total ou renvoi devant une juridiction –, elle sera frappée d'appel et à nouveau débattue.
Vingt ans après l'explosion du Falcon dans le ciel de Kigali, ni la France ni le Rwanda n'en ont fini avec les fantômes de leur histoire commune.

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