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Sent: Thursday, 30 October 2014, 15:40
Subject: *DHR* La Tragédie rwandaise face à une mémoire sélective et hégémonique (1ère Partie - 1/2).[La pesanteur du silence (re)lâche de plus en plus au passage du temps]
La Tragédie rwandaise face à une mémoire sélective et hégémonique (1ère Partie - 1/2).[La pesanteur du silence (re)lâche de plus en plus au passage du temps]
VEPELEX, la Rédaction, 29/10/2014Depuis la diffusion par BBC Two, le 1er octobre 2014, du film "Rwanda's Untold Story - l'histoire du Rwanda jamais contée ", un documentaire réalisé par la journaliste britannique de renommée mondiale Jane Corbin, une remise en question du passé secoue le Rwanda concernant son drame de fin du XXème siècle, un sujet demeuré tabou après la prise du pouvoir par le FPR en 1994. Vingt ans après, les squelettes commencent à sortir du placard et aujourd'hui les masques tombent les uns après les autres comme un "effet domino". Sous la contrainte du poids du passé, le temps veut réparer ses erreurs en refusant la reconduction tacite de la complicité historique par la contrepartie de sa repentance compensatoire.Les ondes révélatrices de ce film [qui ne sont d'ailleurs qu'un secret de polichinelle pour les Rwandais] partent dans toutes les directions alors que la voix de la vérité longtemps cachée est bien amplifiée par une des plus grandes radios du monde sinon la plus grande : la BBC (cette vaillante radio utilisée pendant la 2ème guerre mondiale par Churchill et De Gaulle pour défier Hitler ).Sans nul doute, la rediffusion-défi tant attendue de ce documentaire le 31 octobre 2014 va occasionner beaucoup plus de panique, de colère mais aussi de dégâts dans le camp des irréductibles - ennemis de la vérité - tel un navire de guerre qui se voit torpillé deux fois successives sans qu'il n'ait le temps de riposter efficacement. Enfin, le temps s'ajuste au temps dans la parfaite logique du temps. Il réveille les mémoires enfouies mais demeurées en veilleuse, en rompant les silences qui pèsent tant lourdement sur la conscience universelle.En permettant de délier les langues, ce temps qui pendant si longtemps a joué contre le souvenir resté vierge des Hutus du Rwanda traités au rabais, considérés [avec la complicité internationale] comme des "sans-droits", " des sans-voix" et des " laissés-pour-compte", pourtant ayant subi les pires crimes contre l'humanité, frappés à tort par le châtiment céleste et indexés par le bannissement des humains, s'avère à présent un allié de taille inattaquable sur le fond que sur la forme.On peut reprocher à ce documentaire tout sauf d'être négationniste, car il reconnaît à maintes reprises au cours du reportage le crime de génocide commis contre les Tutsis de l'intérieur du Rwanda. Peut-être, dans une moindre mesure, qu'on pourrait à raison taxer ce film de vouloir réviser l'histoire dans le sens noble et propre du terme. Mais, à juste titre, il ne fait qu'une mise à jour louable en rétablissant la vérité. Et Allan Stam l'exprime autrement en ses termes: « Ce que le monde croit [sur la tragédie rwandaise] et ce qui s'est vraiment passé sont deux choses très différentes ». Les faits ne sont-ils pas têtus (sic)? Aucun Rwandais intègre ne dira le contraire, et aucun étranger ne peut contredire Allan Stam sauf celui-là qui est à la solde des commanditaires des "héros-fossoyeurs" (pour emprunter le terme approprié de François Munyabagisha).Interrogeant la conscience surtout rwandaise, l'auteur du livre "Pourquoi nos fossoyeurs sont-ils vos héros?" avait déjà invité les lecteurs à "faire l'exercice de l'empathie envers l'autre victime que le culte du vainqueur-héros cherche toujours à noyer dans l'anonymat et dans l'oubli total". Voilà qu'aujourd'hui, ce regard rétrospectif et critique qu'impose le temps à travers "Rwanda's Untold Story" lui donne raison en faisant émerger "les faces cachées de la tragédie rwandaise" jusqu'à présent verrouillées et passées sous silence par un régime autocratique et répressif - une duplication conforme du "stalinisme". L'inquiétant pour les uns et la délivrance pour les autres sont qu'avec le film de la BBC, la communauté internationale sera obligée d'admettre humblement et de reconnaître tardivement qu'elle s'est fait hiberner et manipuler. Peut-on s'attendre à ce qu'elle exige des comptes aux institutions qui dirigent ce monde et aux États "complices" dans cette méga-supercherie médiatique en leur demandant des réparations honorables? La suite nous le dira...Car d'un coté, à l'échelle mondiale, il est devenu impératif de s'interroger sérieusement et ouvertement sur la pertinence du devoir de mémoire plurielle et du droit à la vérité. De même qu'il est question de condamner sans réserves certaines décisions politiques prises au sein des instances internationales sur le "génocide rwandais" sous l'instigation des anglo-saxons qu'on peut qualifier, preuves à l'appui, de tendancieuses et de déficitaires. De l'autre côté, plus spécifique entre Rwandais, on remarque toutes sortes de débats idéologiques, politiques, éthiques et ethniques, contraires et contradictoires issus de toutes tendances et de toutes catégories socioprofessionnelles qui s'articulent autour de la mémoire collective violée, du silence forcé et des intérêts occultes qui se cachent derrière. Car le documentaire remet en cause non seulement la version actuelle de l'histoire récente rwandaise et la construction de la mémoire collective et individuelle, mais aussi le rôle joué par le politique et la politique dans l'imposition du bâillon officiel et de la propagande bien orchestrée de la version univoque de l'interprétation des faits.Le film "Rwanda's Untold Story" constitue donc une oeuvre documentaire hors du commun qui révèle au monde entier (surtout occidental) la manière dont se construit une mémoire sélective et hégémonique, articulée et véhiculée par un État qui interdit toute autre forme de souvenir et de commémoration du passé en dehors de celle cautionnée par le régime. Comme dans bien d'autres dictatures africaines créées sur franchise occidentale, le régime du FPR [pour ne pas le nommer] a instauré, avec la bénédiction de Londres et de Washington (de sources diverses fiables), une interprétation du passé biaisée et unilatérale qui sert d'appui au mythe fondateur de son pouvoir. En même temps ses adeptes et ses défenseurs, sur fond de haine ethnique à peine voilée et dans un triomphalisme hystérique, chantent les louanges de la puissance libératrice du FPR en désignant les ennemis réels ou imaginaires à neutraliser et/ou à éliminer à l'échelle mondiale.Cette révélation et ce débat sur le passé et le présent qui appellent la réécriture des événements de la tragédie rwandaise posent aussi des interrogations plus larges quant à la portée et la réussite des politiques et des programmes d'unité et de réconciliation nationales mis en place par le régime actuel - résultat de la guerre dite "d'octobre" déclenchée le 1er octobre 1990 par le rebelles du FPR appuyés par les mercenaires et l'armée ougandaise. En effet la guerre d'octobre fut, pour les témoins authentiques, le prélude aux développements d'interactions politiques et d'actions militaires complexes qui ont amené le FPR à prendre le pouvoir à la fois par le ruse et la force sacrifiant volontairement sur son passage la vie d'innombrables innocents.Dans ce sens, la guerre d'octobre impulsée par les puissances anglo-saxonnes et son aboutissement restent avant tout, pour les Rwandais, un cumul de crimes barbares longtemps banalisés commis par le FPR contre les populations civiles des anciennes préfectures de Byumba et de Ruhengeri. Mais c'est surtout la mise en place par le FPR d'une stratégie globale "de la terreur et de la mort" axée sur la persécution sélective des civils et caractérisée par une cruauté inhumaine, y compris envers les personnes vulnérables telles les personnes âgées, les femmes enceintes et les enfants pour la majorité d'ethnie hutu. Les exécutions sommaires et systématiques ont constitué sans contester l'image sauvage la plus connue des Rwandais et des Congolais mais paradoxalement méconnue à l'étranger de cette politique de la terreur et de la mort pratiquée encore aujourd'hui par le FPR. Notons au passage que les multiples disparitions et les cadavres retrouvés récemment dans le Lac Rweru au Burundi ressemblent étrangement au "modus operandi" pratiqué par le FPR durant toute sa campagne de lutte pour le pouvoir...
(À suivre Partie 2/2)
VEPELEX, la Rédaction
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