Les bruits de bottes résonnent à nouveau dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Le
Rwanda et l’
Ouganda trépignent d’impatience à l’idée d’engager à nouveau leurs armées sur le sol congolais. Les présidents rwandais Paul Kagame et ougandais Yoweri Museveni ont créé une force commune dénommée
Eastern Africa Standby Force (EASF) dont ils comptent se servir pour
envahir ouvertement le Congo, officiellement afin de combattre les FDLR face à
« l’inefficacité de la Monusco ». Parallèlement, en dépit des démentis, ils parrainent la création d’une nouvelle
« rébellion des Tutsis » sur les ruines du M23 dont les membres se sont installés dans les deux pays après leur défaite en 2013. Mais quelle que soit la forme que prendra le nouvel engagement militaire rwando-ougandais sur le sol congolais, les motivations des deux pays n’auront rien à voir avec les justifications officielles. En réalité, les présidents Museveni et Kagame craignent que le départ de
Joseph Kabila, leur allié à Kinshasa, soit synonyme d’un coup d’arrêt à leurs prétentions territoriales sur le Congo. Les deux dirigeants envisagent toujours d’annexer les régions de l’Est du Congo en application des accords de Lemera, un dossier qui a fait couler beaucoup d’encre et de sang, et sur lequel nous reviendrons.
Un allié sur le départ
En effet, face aux difficultés de
Joseph Kabila à modifier la Constitution pour pouvoir se maintenir au pouvoir, Rwandais et Ougandais prennent des précautions. L’arrivée à Kinshasa d’un président issu du vote des Congolais - et non des maquis rwando-ougandais
[1] - pourrait compliquer l’application des
« pactes secrets » noués entre
Kabila, Kagame et Museveni. Le nouveau président devrait considérer qu’il n’a pas de comptes à rendre à Kigali et à Kampala. Mais en positionnant leurs hommes sur le sol congolais alors que leur allié est encore au pouvoir à Kinshasa, Museveni et Kagame se mettraient en position de force. Ils pourraient perturber le calendrier électoral à Kinshasa pour permettre à
Kabila de poursuivre son règne par la force des choses. Ils pourraient également obtenir des potentiels successeurs à
Kabila l’engagement qu’ils poursuivront l’exécution de ces accords secrets. Si militairement le Congo n’est pas en situation de s’opposer au déploiement des troupes des deux pays sur son sol
[2], l’affaire pourrait toutefois prendre une tournure politique inattendue. Elle pourrait remettre brutalement dans les débats l’affaire de la balkanisation du Congo et les accords de Lemera, un
« brûlot » sur lequel il faut revenir pour comprendre la répétition des évènements tragiques qui endeuillent l’Est du Congo depuis 1996.
Les Kabila et les accords de Lemera
Les accords de Lemera sont un sujet qui déchaîne les passions mais qu’on gagne toujours à aborder parce qu’il constitue la principale explication à l’acharnement des présidents Kagame et Museveni sur le Congo. Il est vrai que les deux présidents tirent de confortables revenus pour leurs régimes respectifs en parrainant le pillage des ressources minières de l’Est du Congo. Mais leur principale motivation est d’obtenir l’annexion pure et simple de l’Est du Congo à leurs pays, une prétention dont ils ne se cachent pas
[3]. En obtenant de
Joseph Kabila la nomination de leurs soldats dans les rangs des FARDC et leur cantonnement dans les régions convoités de l’Est, les deux présidents prennent l’option de mettre un jour les Congolais devant le fait accompli. On estime à 35 mille le nombre des soldats rwandais opérant dans l’Est du Congo
[4]. Avec le déploiement annoncé des troupes rwandaise et ougandaise sur le sol congolais, la masse critique pourrait être facilement atteinte. Le Kivu tomberait comme un fruit mur, Kinshasa reconnaissant ne plus avoir le contrôle des troupes déployées dans l’Est. La méthode douce d’application des accords de Lemera aura payé.
Pour revenir au début, les accords de Lemera sont un document par lequel un groupe de Congolais actait le principe de la cession de l’Est du Congo au Rwanda, à l’Ouganda et au Burundi. Il s’agit des représentants des quatre composantes de l’Afdl, la
« rébellion » derrière laquelle les armées rwandaise, ougandaise et burundaise ont mené l’agression contre le Congo
(alors Zaïre) en 1996.
Laurent-Désiré Kabila, le général
André Kisase Ngandu,
Anselme Masasu Nindaga, et le leader tutsi
Déogratias Bugera[5], le seul survivant du groupe, les trois autres ayant été tués dans des circonstances diverses
[6]. L’article 4 du document stipule : «
l'Alliance s'engage à céder 300 km aux frontières du pays, pour sécuriser ses voisins ougandais, rwandais et burundais contre l'insurrection rebelle ». Le document a été révélé par l’auteure britannique Claudia Mc Elroy dans son ouvrage intitulé
Search of Power (à la recherche du pouvoir) et repris par le journal
« UMOJA »dans son édition du 4 avril 2000
[7].
Les accords de Lemera seront toutefois difficiles à faire accepter. Le principal signataire, Laurent-Désiré Kabila, sera même obligé de les renier publiquement lorsque le 28 juillet 1998 il lance cette phrase lourde de sous-entendu : « je n’ai pas vendu le pays ». Il venait, la veille, d’ordonner aux soldats rwandais de quitter le Congo. Mais Kagame et Museveni n’accepteront jamais que ce pacte ne fût pas respecté. Le 2 août 1998, ils déclenchent la Deuxième Guerre du Congo qui sera le conflit le plus meurtrier au monde depuis la Seconde Guerre mondiale. Plus de Six millions de Congolais vont mourir, la moitié étant des enfants. L’essentiel des massacres des Congolais a lieu dans les territoires que les deux pays ambitionnent d’annexer. La guerre va toucher à sa fin après l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila et son remplacement par un homme proche de Kagame et Museveni en la personne de Joseph Kabila. Depuis, la politique menée par Kinshasa confirme l’exécution « en douceur » du projet d’annexion des territoires de l’Est du Congo par le Rwanda et l’Ouganda.
L’effroyable modus operandi
Concrètement, les présidents Museveni et Kagame créent des
« rebellions congolaises » de façade derrière lesquelles vont opérer leurs armées respectives. Une fois ces troupes projetées sur le sol congolais, le régime de
Joseph Kabila s’arrange pour que les soldats congolais perdent les batailles face aux agresseurs. La plus scandaleuse de ces défaites a été organisée en novembre 2012 lorsque l’armée rwandaise, opérant sous couvert du M23, s’est emparée de la ville de Goma, les soldats congolais ayant reçu l’ordre de ne pas se battre pour ne pas gêner la progression des agresseurs
[8]. Certaines trahisons sont toutefois lourdes de conséquences
[9], mais les enjeux sont ailleurs. Battu militairement, le Congo se présente à la table des négociations. Le principe de l’amnistie figure en tête des exigences, ce qui permet aux agresseurs d’être continuellement à l’abri de poursuites judiciaires pour les crimes de guerre qu’ils commettent et libres de recommencer les attaques contre le Congo
[10]. La dernière fois en date fut le 12 décembre 2013 avec la signature des accords de Nairobi. Ils donneront lieu à la loi d’amnistie que promulgue le président
Kabila le 11 février 2014
[11].
En plus de l’amnistie, les rebelles
(des faux rebelles mais de vrais soldats rwandais et ougandais)obtiennent du gouvernement de Kinshasa le droit d’intégrer l’armée congolaise. La dernière vague s’est opérée en 2009
[12]. Le procédé doit être recommencé plusieurs fois. Tout le
« génie »derrière est de permettre à Kagame et Museveni de disposer d’un maximum de leurs soldats dans les rangs de l’armée congolaise afin que, le moment venu, ces derniers, positionnés à des postes stratégiques dans la hiérarchie des FARDC et dans les territoires convoités de l’Est, mettent un jour les Congolais devant le fait accompli en proclamant la fin du contrôle de Kinshasa sur ces territoires. Paralysée par les infiltrations, l’armée congolaise sera mise à genou avant le moindre combat et le Kivu tombera comme un fruit mur. Si le Rwanda et l’Ouganda ont réussi le pari des infiltrations, ils restent confrontés à l’hostilité des populations congolaises. Mais
« grâce » aux massacres répétés et à l’impunité dont ils bénéficient de la part du régime de Kinshasa et de la communauté internationale, ils sont à peu près persuadés qu’ils finiront par briser la résistance des populations congolaises. C’est que les deux présidents ne sont pas seuls à la manœuvre.
Le projet visant à faire perdre au Congo ses régions de l’Est semble être déjà acté dans plusieurs milieux occidentaux, comme en témoignent les déclarations, parfois intempestives, de certaines personnalités de premier plan.
Les accords de Lemera et la communauté internationale
La plus spectaculaire des déclarations actant la perte de l’Est du Congo au profit du Rwanda et de l’Ouganda a été faite en 2011 par Herman Cohen, ancien sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines pour qui au département d’Etat,
« le Kivu fait partie du Rwanda »[13]. Quinze ans avant Herman Cohen, c’est un autre dirigeant américain qui mettait une croix sur les populations congolaises de l’Est. En octobre 1996, lors du Forum pour la réglementation internationale, Walter Kansteiner
[14], a défendu la thèse de la création d’un Tutsiland dans l’Est du Congo
[15]. Sa nomination par George Bush au poste d'assistant du secrétaire d'État pour l'Afrique en 2001 va même susciter l'inquiétude chez plusieurs observateurs, dont Cynthia Mc Kinney, représentante démocrate de Géorgie, qui prendra l’initiative d’écrire au président George W. Bush pour lui exprimer sa
« grande préoccupation » face à cette nomination
« qui pourrait augurer une diplomatie américaine cauchemardesque pour le règlement de la guerre tragique en RDC »[16]. Le 11 février 2013, dans une intervention devant le
Brookings Institute de Washington, le Sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines, Johnnie Carson, a indiqué que la solution pour ramener la paix en RDC devra emprunter les schémas de l’ex-Yougoslavie ou du Soudan, voulant dire par là que la balkanisation de ce pays était un passage obligé
[17]. Et il n’y a pas que les dirigeants américains militant pour le démantèlement du Congo.
En janvier 2009, le président français Nicolas Sarkozy, a affirmé au cours du vœu au corps diplomatique que
« le Congo doit partager son espace et ses richesses avec le Rwanda »[18]. La phrase a provoqué un tollé obligeant le président français à modérer ses propos. En mars 2009, il va effectuer une courte visite à Kinshasa pour tenter de calmer la colère des Congolais, mais le mal était fait. Il effectuera une visite à Kinshasa pour tenter de rassurer les Congolais. Voyage inutile pourtant puisqu’il s’est agi de rencontrer
Joseph Kabila dont la politique vis-à-vis du Rwanda et de l’Ouganda consiste, justement, à faire aboutir ce projet. Mais il y a pire. Dans son ouvrage
Le Canada dans les guerres en Afrique centrale, l’analyste des questions géopolitiques Patrick Mbeko pointe du doigt deux autres personnalités de premier plan, a priori au-dessus de tout soupçon : le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, et l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner
[19].
En gros, des « gens puissants » travaillent à faire éclater le Congo. On sait que cette entreprise de destruction est synonyme de catastrophe pour la population. On va donc garder un œil sur les frontières du Congo. Dès qu’il y a du mouvement, on sait à peu près ce qu’ils ont derrière la tête. Reste à savoir comment il faudra s’y prendre…
Boniface MUSAVULI
- Les présidents Kagame, Museveni et Kabila
- Carte RD Congo, Ouganda, Rwanda
[1] Joseph Kabila est un ancien maquisard du Front patriotique rwandais, le mouvement politico-militaire à la tête duquel Paul Kagame s’empara du pouvoir à Kigali en juillet 1994, sous le parrainage du président ougandais Yoweri Museveni. Devenu Armée patriotique rwandaise, ce mouvement envahit le Congo en 1996 sous le commandement du général James Kabarebe, l’actuel ministre rwandais de la défense. Dans ses rangs, un certain
« Commandant Hyppo », qui deviendra, quatre ans plus tard, le président Joseph Kabila Kabange.
[2] Il est peu probable que
Joseph Kabila ordonne à ses généraux de mobiliser les troupes dans le Kivu pour repousser les forces rwando-ougandaises. D’un côté il est politiquement le bénéficiaire des troubles que ses deux parrains envisagent de provoquer à nouveau sur le sol congolais, et de l’autre, l’armée congolaise a été profondément affaiblie depuis les 14 ans de son règne
(sabotage des réformes, infiltrations massive d’agents ennemis, trahisons) justement pour que Kigali et Kampala ne puissent jamais être confrontée à une armée congolaise aguerrie chaque fois qu’ils envisagent de réoccuper l’Est du Congo. Par ailleurs, une grande partie de la hiérarchie militaire des FARDC
(armée congolaise) est contrôlée par des agents liés aux régimes de Kigali et de Kampala. Si des officiers sur le terrain décident de se battre, leurs opérations seront immanquablement sabotées par leur propre hiérarchie, comme cela est arrivé en de nombreuses reprises.
[3] Dans son discours devant l'Assemblée générale de la Société de droit de l'Afrique de l'Est
(The East Africa Law Society general assembly) du 04 avril 1997, le président ougandais déclare :
« Ma mission est d'assurer que l'Erythrée, l'Ethiopie, la Somalie, le Soudan, l'Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, le Rwanda, le Burundi et le Zaïre deviennent des Etats fédérés sous une même nation. Cela n'est pas maintenant un choix, mais une obligation que l'Afrique de l'Est devienne une seule nation. Ou nous devenons une seule nation ou nous périssons. De même qu’Hitler fit pour unifier l'Allemagne, de même nous devrions le faire ici. Hitler était un chic type mais je pense qu'il est allé un peu trop loin en voulant conquérir le monde entier ». De son côté, le Rwanda a prôné dès octobre 1996 l’organisation d’une
« Conférence de Berlin II » (en vue d’un nouveau tracé des frontières) en brandissant la carte du
« Grand Rwanda » dont le territoire s’étendrait jusque sur les régions de l’Est du Congo.
[4] P. Mbeko, H. Ngbanda,
Stratégie du chaos et du mensonge – poker menteur en Afrique des Grands Lacs, Ed. de l’Erablière, 2014, pp. 37 et svts. Jean-Jacques Wondo estime ces effectifs à 12 mille. Le général rwandais Kayumba Nyamwasa, ancien chef d’Etat-major de l’armée rwandaise, aujourd’hui en exil, a reconnu que l’armée rwandaise est toujours engagée au Congo sans donner de chiffre sur les effectifs.
[5] Laurent-Désiré Kabila pour le compte du Parti pour la révolution populaire
(PRP), André Kisase Ngandu pour le compte du Conseil national pour la restauration de la démocratie
(CNRD), Anselme Masasu Nindaga pour le compte du Mouvement révolutionnaire pour la Libération du Zaïre
(MRLZ)et Déogratias Bugera pour le compte de l'Alliance démocratique du peuple
(ADP).
[6] Laurent-Désiré Kabila a été assassiné le 16 janvier 2001 dans son palais à Kinshasa. Le général André Kisase Ngandu a été assassiné le 6 janvier 1997 près de Rutshuru. Anselme Masasu Nindaga a été exécuté près de Pweto le 24 novembre 2000 suite à sa condamnation à mort par la Cour d’ordre militaire.
[7] Ce document est toutefois au cœur de controverses pour des raisons évidentes. Guy de Boeck, après s’être interrogé sur l’authenticité de ces accords, conclut néanmoins qu’un accord secret a pu être conclu entre Paul Kagame et Laurent-Désiré Kabila. Cf. Guy de Boeck,
« 1996 Le Monstre du Loch Tanganyika ou les Accords de Lemera », congoforum.be, 4 février 2009.
[8] Les FARDC avaient victorieusement repoussé l’offensive du M23, bataille au cours de laquelle 150 assaillants avaient été tués. Mais pour des raisons inexpliquées, le général Bahuma reçut l’ordre venant de Kinshasa de laisser la conduite des opérations au général Gabriel Amisi dit
« Tango Four » (un proche du président Kabila et du général rwandais James Kabarebe). Celui-ci va ordonner aux FARDC de se replier à Sake, facilitant ainsi une entrée triomphale de l’armée rwandaise dans Goma sous les caméras du monde entier. Selon la journaliste belge, Colette Braeckman, l’ordre d’abandonner Goma à l’ennemi fut donné par le général Didier Etumba, l’actuel chef d’Etat-major des FARDC. Quelques mois auparavant, le général Amisi avait ordonné cinq jours de trêve aux soldats congolais qui étaient au point de capturer Bosco Ntaganda. Celui-ci en profita pour s’exfiltrer vers la frontière rwandaise. Pour faciliter à l’armée rwandaise d’opérer dans le Kivu, la hiérarchie de l’armée congolaise use d’une panoplie de stratagèmes pour saboter les opérations sur terrain. Certains stratagèmes sont toutefois lourds de conséquences. En 2012, le 322
ème bataillon des unités de réaction rapide, des soldats bien formés et motivés, a été envoyé au front avec les munitions et la ration pour 2 jours. Résultat : la moitié du bataillon est tombée sur le champ ou portée disparu. Pour approfondir la question des trahisons dont les soldats congolais sont victimes dans le Kivu de la part de leur propre hiérarchie, lire JJ. Wondo,
Les Forces armées de la RD Congo : Une armée irréformable ?,
Bilan – Autopsie de la défaite du M23 – Prospective, Ed.
www.desc-wondo.org, pp. 49 – 62.
[9] Plusieurs procédés sont utilisés pour organiser la défaite des soldats congolais. Il s’agit notamment des ordres contradictoires et du sabotage de la logistique. En novembre 2012, les soldats congolais ont reçu l’ordre d’abandonner la ville de Goma à l’armée rwandaise opérant sous couvert du M23. Selon la journaliste belge Colette Braeckman, l’ordre d’abandonner Goma fut donné par le général Didier Etumba, l’actuel chef d’Etat-major des FARDC.
[10] Les membres du RCD, l’ancêtre du M23, sont à l’abri de poursuites judiciaires aux termes de l’article 8 de l’accord global et inclusif sur la transition signé à Pretoria le 17 décembre 2002 et adopté à Sun City le 1
er avril 2003. Ceux qui ont rejoint le CNDP de Laurent Nkunda et Bosco Ntaganda ont été amnistiés au terme de l’article 3 de l’accord du 23 mars 2009 qui ouvrait la voie à la
« guerre du M23 ». Ils ont même rejoint le premier cercle de
Joseph Kabila et fait partie de la majorité présidentielle de Kinshasa
(PPRD). Ils ont ardemment milité pour la réélection de
Joseph Kabila en 2011. Ceux qui, plus tard, ont rejoint le M23 sont, de fait, mis à l’abri de poursuites judiciaires en application de la loi d’amnistie du 11 février 2014.
[11] Mais le président
Kabila n’est pas le seul à
« œuvrer » pour que les agresseurs bénéficient continuellement de la totale impunité. On se souvient de l’activisme avec lequel le sénateur américain Russ Feingold
(envoyé spécial de Barack Obama dans la région des Grands Lacs) et l’ancienne présidente irlandaise Mary Robinson
(représentante du Secrétaire général de l’Onu) ont milité pour que le principe d’amnistie
(en fait, d’impunité) soit adopté dans le cadre des pourparlers de Kampala. Il est évident que si les agresseurs sont arrêtés et poursuivis en justice pour les crimes de guerre qu’ils commettent, le projet de balkanisation du Congo tombe à l’eau faute de combattants. Il
« faut » donc, à chaque fois, les mettre à l’abri de poursuites judiciaires pour qu’ils soient continuellement en situation de reprendre les armes contre le Congo.
[12] Patrick Mbeko estime que les 12 mille soldats rwandais arrivés sur le sol congolais et signalés
« disparus » dans la nature ont été, en réalité, infiltrés dans les rangs des FARDC. L’opération conjointe contre les FDLR était, en réalité, une manœuvre visant à accroitre le nombre des agents rwandais infiltrés dans les rangs de l’armée congolaise.
[13] « Au département d’Etat, le Kivu fait partie du Rwanda », congoforum.be, 12 août 2011 ; L’interview est disponible sur
http://www.youtube.com/watch?v=PBiOcW-vNjk. Face à la réaction des Congolais, le diplomate américain a essayé de minimiser la portée de ses propos en faisant publier une lettre dans la presse de Kinshasa. Cf.
« Herman Cohen s’explique à propos de ses déclarations sur le Kivu », lavdc.net, 15 août 2011.
[14] Fils d'un vendeur de coltan de Chicago, ancien assistant du secrétaire d'État américain pour l'Afrique et ancien membre de la Task Force du Département de la Défense pour les minerais stratégiques
(Dept. of Defense Task Force on Strategic Minerais). Walter Kansteiner est, depuis, considéré comme l’
idéologue de l’holocauste de l’Est du Congo.
[15] “Genocide and Covert Operations in Africa, 1993-1999”, Prepared Testimony and Statement of Wayne Madsen, US House of Representatives, Committee on International Relations, 2001, Centre for Research on Globalisation (CRG), globalresearch.ca, 24 November 2001.
[16] Jooneed Khan,
« Bush nomme à l'Afrique un champion du démembrement du Congo »,
La Presse, 3 avril 2001.
[17] L’Ambassadeur Johnnie Carson sait de quoi il parle. Il fut de 1991 à 1994 Ambassadeur des Etats-Unis à Kampala et, à ce titre, il a accompagné la consolidation du pouvoir de Yoweri Museveni en Ouganda, l’invasion du Rwanda par les éléments tutsi de l’armée ougandaise et finalement la conquête totale du Rwanda par ceux-ci en 1994. Il n’a pas quitté la région puisque de 1999 à 2003, il était Ambassadeur au Kenya, d’où il pilotait les invasions successives de la RDC, la chasse aux anciens dignitaires rwandais pour qu’ils ne puissent plus se positionner en opposants crédibles et la poursuite de la partition du Soudan, une mission que le président ougandais avait dans son cahier de charge. Ce sera chose faite en 2011. Les troupes rwandaises y sont aujourd’hui déployées. Ayant accompli sa tâche, Museveni charge Kagame d’accomplir la sienne, à savoir détacher les provinces du Kivu de la RDC. Cf. Ghislain Mikeno,
« Paul Kagame a une mission : la balkanisation de la RDC », 4 mars 2013.
[18] « Sarkozy veut dépecer la RDC », courrierinternational.com, 20 janvier 2009.
[19] « Nous avons par ailleurs appris de source digne de foi que durant son séjour au Rwanda, en janvier 2008, l'actuel secrétaire générale de l'ONU, le Sud-Coréen Ban Ki-Moon, aurait donné son soutien à l’homme fort du Rwanda dans sa politique d'occupation des riches territoires du Kivu. Les mêmes sources nous ont signalé la tenue d'une réunion à huis clos le 26 janvier 2008 entre le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et les chefs rebelles tutsis Laurent Nkundabatware et Jules Mutebutsi, au cours de laquelle le ministre français aurait demandé à Laurent Nkunda de ne pas s'inquiéter et de faire confiance à l'Union européenne et aux USA qui auraient, depuis longtemps, signé une convention avec les tutsis, laquelle
devrait rassurer tous les tutsis puisqu'elle n'est pas à l'avantage des Congolais mais plutôt à l'avantage de la cause des populations tutsies présentes au Congo ». Cf. P. Mbeko,
Le Canada dans les guerres en Afrique centrale – Génocides & Pillages des ressources minières du Congo par Rwanda interposé, Le Nègre Editeur, 2012, p. 469.
No comments:
Post a Comment
Note: only a member of this blog may post a comment.