Il est vrai que la diplomatie relève du domaine de souveraineté. Et Louise Mushikiwabo, chef de la diplomatie rwandaise, est connue pour être plus royaliste que le roi. Ce rejeton de la famille Édouard Ndasingwa, décimée par les escadrons du FPR au tout début du génocide rwandais, sert Kagame avec une soumission aveugle et excès de zèle. On se souvient de son départ avec fracas d'Addis Abeba lors d'une réunion où l'ONU et l'Union Africaine penchaient sur un accord cadre de sortie de crise pour l'Est de la RDC. Le président Kikwete venait de recommander à Kigali et Kampala d'engager le dialogue avec les mouvements armés qui se réclament de leur opposition respective. Madame Mushikiwabo a claqué violemment la porte et a dénoncé le manque de sympathie du président tanzanien envers les victimes du génocide! Un comportement excessif et une mise en scène comme Kigali en raffolent.
Mushikiwabo vient d'écrire des tweets bien insolents envers le gouvernement du Burundi. D'une part, elle se vante d'avoir intimé l'ordre à Bujumbura de libérer sans conditions et sans délais tous les Rwandais qui ont été arrêtés et sont interrogés par la police pour atteinte à l'ordre republicain. Pour Mushikiwabo, " le Burundi connaît de difficultés innombrables et complexes et doit éviter d'y ajouter le Rwanda". Des menaces qui rappellent les propos du président Kagame au lendemain de l'échec de la tentative du putsch de mai dernier, propos portant sur la soif du Rwanda d'envahir le Burundi si des preuves d'un début de génocide étaient réunies!
Comme quoi Kigali souffre de voir que les Burundais se retiennent et ne sombrent pas dans des affrontements interethniques. Cette maturité des Burundais agace Kigali qui organise des groupes de jeunes rwandais avec mission d'aller commettre des assassinats ciblés ou d'entretenir la guérilla dans les quartiers dits de la contestation. Kigali abrite des journalistes burundais qui diffusent des émissions et des programmes incendiaires vers Bujumbura. Tout Burundais qui veut lancer des tomates voire des bombes sur le Burundi est le bienvenu dans les bras ouverts de Mushikiwabo! Il n'est pas assujetti aux conditions de la Convention de Genève de 1951. Car le Rwanda ne connaît point de problème de démocratie et encore moins d'intolérance ethnique! Même si cette autosatisfaction des inconditionnels du système FPR contraste énormément avec le tableau alarmant dressé par les défenseurs des droits de l'homme, les opposants traqués sérieusement ou jamais par la presse rwandaise jouant le rôle de héraut du régime!
La sortie de Mushikiwabo est un synonyme du malaise qui gagne les autorités rwandaises face au succès des opérations de fouilles perquisitions dans la capitale. Le gouvernement utilise tous les moyens (récupération de certains anciens manifestants qui servent d'informateurs) pour capturer les fauteurs de troubles et leurs caches d'armes. Malgré des informations alarmistes diffusées sur les réseaux sociaux depuis Kigali en particulier, ceux qui sont sur terrain reconnaissent que la criminalité a sensiblement baissé. La vie reprend le cours normal et les opposants se focalisent maintenant sur le lobbying international afin d'avoir une part dans le gouvernement en cours de formation. Bref, Kigali est déçu par le rejet de la guerre par les éléments de l'armée et des forces de sécurité du Burundi.
Louise Mushikiwabo hausse le ton mais à Bujumbura, les enquêtes se poursuivent. "Aux imbéciles, on répond par le silence!" En effet, jusqu'à maintenant, aucune réaction de Bujumbura quant aux exigences de Kigali. L'ambassadeur du Rwanda au Burundi, Rugira Amandin, a accusé la police burundaise d'arrestations arbitraires. Il a confié avoir rencontré les responsables de la diplomatie burundaise pour faire part de sa protestation et exigé la libération. Il a nuancé par après pour dire qu'il y avait une collaboration avec les autorités burundaises pour que tout soit clarifié! Un comportement des autorités rwandaises que plusieurs voix dénoncent au Burundi car il s'agit d'un arbre qui cache la forêt.
En effet, tous les jeunes rwandais et faux hommes d'affaires qui se rendent à Bujumbura ces derniers temps travaillent pour DMI, le service de renseignements rwandais. Ils ne sont arrêtés sur informations fournies par d'autres Rwandais ou des Burundais qui ont abandonné la logique des troubles. Mais Kigali veut user des menaces pour sauver la peau de ses agents ou stimuler le moral des agents qui redoutent désormais les missions à risques au Burundi. Mushikiwabo ainsi pour provoquer des solidarités de par le monde en faisant croire que c'est le Burundi qui se montre inhospitalier! Or, ces ruses des autorités rwandaises sont connues et vouées à l'échec.
Nul n'ignore que le Burundi a accueilli fraternellement les Rwandais après la révolution de 1959. Et les réfugiés rwandais sont souvent pointés du doigt comme dans l'assassinat du Premier ministre Pierre Ngendandumwe. Ils ont été pointés du doigt dans le génocide de 1972 surtout à Ngagara. Ils ont été dénoncés dans les massacres de 1993! Et même dans les troubles d'avril dernier à cette date, les Rwandais ont été dénoncés à Nyakabiga, Cibitoke, Jabe et Mutakura. Que dire des camions rwandais qui étaient stationnés non loin de la frontière avec le Burundi du côté de Kirundo afin d'encourager les paysans burundais à fuir massivement en mai et juin? Mushikiwabo devrait rappeler à son président les mots français qu'il a utilisés un jour au stade Amahoro de Kigali:" les faits sont têtus!" Ces Rwandais sont adorables en fin de comptes:" ils avertissent avant de vous poignarder sans état d'âme! Ce fut le cas de ce qu'on prenait pour des rumeurs relayées par Albert Rudatsimburwa et Teddy Mazina avant les assassinats du général Adolphe Nshimirimana. Attendons de voir quel coup dramatique se trame à Kigali comme "cet oiseau de mauvais augures" de la diplomatie rwandaise l'annonce à travers ces menaces directes.
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