Afrique du Sud: funérailles sans incident de Patrick Karegeya, ex-chef des renseignements rwandais
L'ancien chef des renseignements rwandais, Patrick Karegeya, a été enterré ce dimanche 19 janvier dans l'après-midi à Johannesburg, en Afrique du Sud. Karegeya, devenu opposant au régime de Kigali, vivait en exil en Afrique du Sud depuis 2007. Il a été assassiné il y a trois semaines, le 31 décembre. Son corps a été retrouvé dans une chambre d'hôtel. Il semble qu'il ait été étranglé. Sa famille et ses amis accusent le régime de Kigali d'être derrière son assassinat.
Environ 150 personnes ont assisté aux obsèques de Patrick Karegeya. Sa femme et ses trois enfants venus des Etats-Unis et du Canada, sa mère et des frères et sœurs venus d'Ouganda, Kampala ayant refusé qu'il soit enterré dans le pays ou il est né.
Tous étaient effondrés, à l'image de sa femme, Léa Karegeya : « Je suis très contente, nous avons pu l'enterrer avec dignité. C'était un homme bon. Il était aimé et il aimait les gens. Et je ne trouve pas de mot pour décrire les motivations malveillantes du gouvernement rwandais ».
Etaient présents également de nombreux membres du parti d'opposition qu'il avait fondé en exil, le Congrès national pour le Rwanda.
« Je ne vais pas m'enfuir, je vais continuer à me battre. Et nous nous battons de façon pacifique pour changer les choses au Rwanda », dit le général Kayumba, ancien chef d'état-major de l'armée rwandaise, devenu lui aussi opposant. Il vit en Afrique du Sud et a lui-même été victime de plusieurs tentatives d'assassinat. « Nous allons continuer d'expliquer au monde, qu'il n'y a pas de démocratie au Rwanda, ajoute-t-il. Kagame, les élections... Il emprisonne ses opposants dans le pays et il est impliqué dans le meurtre de ses opposants dans le monde. »
Un important dispositif de sécurité avait été déployé. Pas loin d'une centaine de policiers ont escorté le cercueil et la famille jusqu'au cimetière. Visiblement l'Etat sud-africain voulait éviter tout incident.
Le colonel Karegeya repose désormais dans le cimetière de Fourways, dans la banlieue nord de Johannesburg.
L'ancien chef d'état-major du Rwanda, le général Faustin Kayumba Nyamwasa, met en garde le président rwandais Paul Kagame contre les assassinats d'opposants en exil :
« J'ai un message pour Kigali, parce qu'en 2010 le président Kagame a dit qu'il le tuerait (Patrick Karegeya). La semaine dernière il s'est venté de l'avoir tué. Et quand il a dit cela, il s'adressait au peuple du Rwanda qui a vécu un génocide et qui s'apprête à commémorer l'anniversaire des 20 ans du génocide.
Alors, quand un président fait une telle déclaration en public, pendant une réunion et qu'il demande à ses gens de tuer, quelle est la différence entre lui et ceux qui ont perpétré le génocide ?
Oui, c'est une déclaration dure et c'est très clair. J'utilise ses propre paroles. Et il devrait aussi se rappeler que ceux qui formulent des critiques ne sont pas des ennemis du pays. Il peut avoir des ennemis personnels, mais les ennemis de Kagame ne sont pas les ennemis du peuple rwandais et du pays. »
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