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Monday, 7 July 2014

[RwandaLibre] Deux commandos rwandais chargés de semer la terreur en RDC mis aux arrêts Re: [fondationbanyarwanda] Rwanda/France - François Léotard, ministre de la Défense en 1994, parle

 

Deux commandos rwandais chargés de semer la terreur en RDC mis aux arrêts

http://www.digitalcongo.net/article/100744
Kinshasa, 26/06/2014 / Politique
Ils avaient pour mission, entre autres, de perturber les festivités du 54ème anniversaire de l'indépendance de la RDC dans la province du Nord-Kivu.
Deux commandos rwandais ont été arrêtés hier sur le territoire congolais, après avoir tendu une barrière dans la localité de Mihala dans le Masisi, dépouillé les agents de la Commission Nationale pour Refugiés de la RDC (CNR). Selon leur propre déclaration, l'objectif de cette opération était de montrer que les FDLR n'ont pas déposé les armes et qu'ils n'ont même pas le respect des autorités de la RDC : couper les routes, tuer les congolais et envoyer les informations au Rwanda pour qu'elles soient publiées comme quoi les FDLR ont tendu des barrières et qu'ils continuent à massacrer les congolais.

Mentez, mentez, … il en restera toujours quelque chose. La ministre rwandaise Louise Mushikiwabo aura certainement de la peine à trouver une contrevérité pour distiller, à ses habitudes, l'éternelle thèse de bonne implication de son pays dans cette affaire. Cependant, Paul Kagame l'apprendra à ses dépens : l'on n'envoie pas un rebelle se promener impunément chez le voisin. Effectivement, comme le voleur revient toujours sur ses traces, même déguisé, deux commandos de l'Armée rwandaise sont aux arrêts sur le sol congolais.

Des sources concordantes dans le Masisi indiquent que ces commandos arrêtés le lundi 23 juin courant avaient tendu une barrière dans la localité de Mihala, dans le territoire de Masisi. Ils ont pu dépouiller les agents de la CNR (Commission Nationale pour Réfugiés) de la RDC. Dans cette même optique, plusieurs témoins affirment que l'autre face de leur mission consiste à saper les festivités du 54ème anniversaire de l'indépendance de la Rdc, dans cette partie orientale de la Rdc dont ils connaissent parfaitement et les rues, et les collines.

Accuser les Fdlr de rage

Qui veut noyer son chien l'accuse de rage, dit un vieil adage. Selon leur propre déclaration, les commandos avouent que l'objectif de cette opération était de montrer que les FDLR n'ont pas déposé les armes et qu'ils n'ont même pas le respect des autorités de la RDC. Malgré toutes tentatives, ils n'ont toutefois pas réussi à s'échapper. Pourtant, les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (Fdlr) avaient opéré leur choix. Un choix visiblement difficile tant la Rdc n'est pas leur patrie d'une part et d'autre part sentant la puissance de feu arriver sur leur tête comme une foudre après que les soi-disant redoutables M23 aient pris la poudre d'escampette.

Les Fdlr, après avoir été établis par la communauté internationale en Rdc depuis 20 ans, à la faveur du génocide de 1994, ces Rwandais d'origine hutu sont finalement sur une voie de non retour. Et le président rwandais Paul Kagame s'est vu sérieusement buté à une difficulté majeure de son mandat fatidique, car devant trouver une solution qui aille dans le sens de réconciliation et de dialogue avec « ses frères ennemis ».

Ce qui, à ses habitudes, le somme à rester dans sa position initiale, contre tout dialogue avec les Fdlr. Pourtant, il s'agit du même donneur de leçon aux voisins qui, par la bouche de sa vénérable Louise Mushikiwabo, déclarait que la Rdc devait se mettre autour d'une table avec le M23. Et comme il ne pleut que chez le voisin, Paul Kagame devrait se le remémorer, à ses dépens certes, qu'aujourd'hui la question est purement rwando-rwandaise.

Il y a peu, le sort des FDLR, ces rebelles hutus rwandais retranchés depuis le génocide de 1994 dans l'Est de la Rd Congo, était au cœur des discussions qui ont réuni Russ Feingold, l'envoyé spécial des Etats-Unis pour la région des Grands Lacs, et le président rwandais Paul Kagame. Et avec l'évolution de la situation, c'est Kagame qui leur ferme les portes même s'ils ont commencé à déposer les armes. Les FDLR figuraient déjà sur la liste noire des groupes armés qui devraient être visés par des opérations militaires conjointes de la Monusco et les Forces armées de la République démocratique du Congo, FARDC.

Pour ne pas accepter de la poudre aux yeux et cautionner l'ignominie de ses populations, Kinshasa avait vite pris l'option d'en découdre avec les Fdlr, sans sombrer dans une litanie de bonnes intentions de la communauté internationale. Au cas contraire, les Fdlr constitueraient à jamais un cheval de bataille, une dernière cartouche en faveur de la balkanisation de la Rdc.

Kagame jusqu'auboutiste

Est pris qui croyait prendre. Ils sont passés aux aveux. Ce qui témoigne à suffisance que l'infiltration de l'armée rwandaise continue en masse à l'Est du Congo. Pour le moment, le Rwanda a encore sorti sa carte d'utiliser les congolais, qui sont assoiffés d'argent pour massacrer les autres congolais et ensuite coller ces crimes sur le dos des FDLR. Objectif : montrer à la communauté internationale qu'ils n'ont pas déposé les armes, plutôt ils sont devenus plus actifs en perpétrant des exactions contre la population congolaise.

Malheureusement pour Kigali, la population congolaise ne dort plus comme avant. Les patriotes congolais savent très bien leur ennemi et ils sont au courant qu'ils ont un ennemi commun avec les FDLR. C'est dans cette optique que le 23 juin 2014, autour de 13h00, les jeunes patriotes congolais ont arrêté ces commandos qui opéraient dans le Masisi pour le compte de l'armée rwandaise.

« Notre opération consiste surtout à couper les routes, tuer les congolais et envoyer les informations au Rwanda pour qu'elles soient publiées dans les journaux comme quoi les FDLR ont tendu des barrières et qu'ils continuent à massacrer les congolais », avouent-ils.

Des congolais traîtres

Mais à chaque infiltration, voire à chaque agression, il est toujours des Congolais dans cette sale besogne aux côtés des Rwandais. C'est le cas de Mutayonga Mutula et Kifungire Bonane, qui ont déclaré qu'ils sont originaires de la localité de Kaziba dans le territoire de Walungu.

Ils ont en effet révélé qu'ils ont été recrutés par des agents tutsi rwandais qui travaillent avec les éléments de l'armée rwandaise infiltrés dans la région de Lubero, où ils opèrent sous l'étiquette de Mai Mai Tcheka. Les enquêtes continuent et ces commandos ont promis de divulguer tous les secrets et tout le réseau criminel dans lequel ils opéraient. Malheureusement, il est certes regrettable de voir qu'il y a encore les congolais qui acceptent de trahir leur pays en travaillant pour ces tueurs tutsi.

L'Avenir


From: kota venant <kotakori@hotmail.com>
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Sent: Friday, 4 July 2014, 22:17
Subject: FW: [fondationbanyarwanda] Rwanda/France - François Léotard, ministre de la Défense en 1994, parle

Nautes, voila au moins, ci-dessous, un temoignage qui honore les Francais parlant de leur France dans le drame rwandais! Il est logique et ouvre des horizons de loin plus bleus que les fameux discours fumeux d'endosser des erreurs politiques sans dire exactement quelles sont-elles.
Oui, nous voulons des faits non contradictoires en eux -memes, expliques a travers un raisonnement cartesien, non fallacieux mais pas des temoignages farfelus de tel sultan ou telle personne bizarre, soucieux a corrompre par "a manger et a boire" pour alterer la verite!     
C'est cela qui fortifiera les amities/alliances entre nations, la credibilite des experts & scientifiques  et la vie reconciliee entre citoyens. 
 



To: nzinink@yahoo.com
From: fondationbanyarwanda@yahoogroupes.fr
Date: Thu, 3 Jul 2014 22:55:38 -0400
Subject: [fondationbanyarwanda] Rwanda/France - François Léotard, ministre de la Défense en 1994, parle

 


Rwanda: Rwanda/France - François Léotard, ministre de la Défense en 1994, parle
3 July 2014 , Source: RFI 
Depuis vingt ans, il s'est très peu exprimé sur le génocide de 1994 au Rwanda. Et pourtant, à l'époque, il était le ministre français de la Défense.
François Léotard, lors d'un forum organisé à Paris le 30 juin par l'association RBF-France Forum, s'est prononcé pour la déclassification de toutes les archives concernant le rôle de la France au Rwanda. Aujourd'hui, il en dit plus sur RFI. Et il parle avec la liberté de ton d'un homme qui s'est retiré de la vie politique.
Commençons par le génocide. Le 27 avril 1994, au plus fort des massacres au Rwanda, deux membres du gouvernement intérimaire rwandais sont reçus à Paris par le gouvernement français. Ils vous demandent de l'aide. Qu'est-ce que vous leur répondez à ce moment-là ?
D'abord ce n'est pas à moi qu'ils ont demandé de l'aide, mais c'est normal, ils ont demandé de l'aide au gouvernement français, surtout au président de la République.
Ils ont été reçus à ma connaissance comme ils devaient l'être. Il n'y a pas à ce moment-là de suspension des relations diplomatiques, ni même de rupture a fortiori.
Et il y a un dialogue normal. Ce dialogue a commencé bien longtemps avant et s'est intensifié dans la période 90-94 au cours de laquelle les autorités françaises ont sans arrêt mis en garde Monsieur Habyarimana lui-même, et ensuite ceux qui l'ont entouré, contre le parti unique d'abord, contre les violations répétées des droits de l'homme et contre une attitude qui pouvait - on le savait bien et on l'a dit -, mener à des atrocités, à des massacres.
Mais après le 7 avril, date du début du génocide, est-ce que la France continue de livrer des armes au gouvernement intérimaire rwandais ou pas ?
Je vous demande instamment de regarder tous les documents qui sont, ou qui seront publiés, parce que moi je souhaite qu'on les publie tous, pour savoir s'il y a la moindre livraison qui s'est opérée à ce moment-là.
Vous pouvez avoir accès à ce qu'on appelle les bleus ministériels, c'est-à-dire les réunions dans lesquelles se trouvent face à face, autour d'une même table, les représentants des divers ministères.
Pour faire une livraison d'armes, il faut l'autorisation de plusieurs ministères et cela a toujours été respecté, et par le gouvernement et sous l'autorité du président de la République.
Donc vous dites, pas de livraisons d'armes françaises après le 7 avril. En avril et en mai 1994, le chef de la mission militaire de coopération, le général Huchon, reçoit régulièrement à Paris le colonel Kayumba du ministère rwandais de la Défense et le lieutenant-colonel Rwabalinda de l'état-major des Forces armées rwandaises (FAR). Est-ce que cette mission militaire de coopération aurait pu soutenir les FAR à votre insu ?
Je ne le pense pas. Je pense surtout que le contact devait être maintenu avec toutes les parties, y compris avec le FPR [Front patriotique rwandais] que vous ne citez pas dans votre propos, pour éviter que ça ne finisse pas, malheureusement comme ça a fini, du fait de l'effondrement d'ailleurs des forces armées rwandaises.
Le 6 mai 1994, le capitaine Paul Barril, l'ancien gendarme français de l'Elysée, part au Rwanda avec quelques hommes de confiance pour former des commandos rwandais dans la guerre contre le FPR. C'est une initiative privée, mais à ce moment-là est-ce que vous êtes au courant ?
Vous êtes journaliste. Monsieur Barril n'est pas un des gendarmes de l'Elysée comme la plupart de vos confrères le disent. Paul Barril monte une entreprise privée.
Il fait ses affaires. J'imagine que les services de renseignements devaient avoir connaissance des activités de Paul Barril comme des activités de tous les trafiquant d'armes.
Ça se sait, les gens peuvent le savoir. Mais ne me demandez pas si Monsieur Barril était mandaté par le gouvernement français. Ça c'est totalement faux.
Mais simplement en tant que ministre de la Défense à l'époque, vous êtes au courant qu'il part au Rwanda ?
On savait qu'il tournait dans le coin. Moi, vous savez, j'avais les notes d'informations et de la gendarmerie nationale et de la DGSE, et après, de ce qu'on a appelé la Direction du renseignement militaire, je ne les ai pas toutes en tête naturellement. Je souhaite qu'elles vous soient ouvertes. Je ne peux pas dire plus.
Depuis le 21 avril, un embargo de l'ONU empêche à ce moment-là la France et tous les autres pays du monde de livrer des armes au Rwanda, est-ce que à ce moment-là la société privée de Paul Barril peut permettre à certaines autorités françaises de contourner cet embargo.
Non, je ne crois pas. Je ne crois pas du tout. Surtout je vous en prie, ne mettez pas Paul Barril dans la catégorie des forces françaises. C'est ce qu'on appelle un mensonge.
J'ai bien dit qu'il dirigeait une société privée. Je vous demande simplement si cette société ne peut pas servir de couverture ?
C'est totalement impensable ! Pour moi, c'est totalement impensable. Je vois mal des autorités militaires françaises passer par des intermédiaires de cette nature, avec en plus la réputation sulfureuse qui est la leur, pour faire ce genre de truc.
On arrive à la mi-juin 1994. La France lance l'opération Turquoise pour sauver les survivants du génocide. Mais n'est-ce pas aussi à ce moment-là, pour stopper l'avancée militaire du FPR ?
En aucune manière. D'abord, vous vous souvenez sans doute des cinq conditions que Monsieur Balladur avait émises devant l'ONU d'ailleurs. Ces conditions étaient très simples, un mandat de l'ONU. Les autres, vous les connaissez, pas de confrontations militaires avec le FPR et ça ne l'a pas été.
A aucun moment, et au contraire quand il y avait des risques de ce genre, on a stoppé les hypothèses où il pouvait y avoir des combats. Et ils ont été stoppés, par l'encadrement même de Turquoise par les autorités politiques les plus élevées.
J'ai été moi-même dans une situation de ce genre quand il y a eu risque à Butare, j'ai dit non, votre mission, votre mandat n'est pas celui-là, alors que je me permets de vous dire qu'ils étaient quelques fois menacés.
D'où le rappel du colonel Tauzin ?
Sans doute.
Fin juin 1994, Kigali est sur le point de tomber aux mains du FPR. Aujourd'hui Guillaume Ancel, un ancien officier de l'opération Turquoise, affirme qu'il avait l'ordre d'opération de préparer un raid sur Kigali ?
Il est normal que dans ces unités militaires, quand on veut réussir on prépare toutes les hypothèses. Je ne sais pas si celle-là était préparée. Je me tiens à la feuille de route qui était celle de Turquoise : sauver le maximum de gens.
C'est ce qui a été fait. Je regrette d'ailleurs, je ne parle pas de vous-même, mais des médias en général n'avancent jamais cette raison. Ça a été fait pour des dizaines de milliers de personnes quelque soit leur origine.
Je suis très fier de ce qu'a fait l'opération Turquoise. Et je le répéterai sur tous les tons, et dut-on rompre les relations diplomatiques avec le Rwanda, ça m'est complètement indifférent. Jamais je ne m'excuserai au nom de la France.
Voulez-vous dire qu'à ce moment-là, lorsque ce raid sur Kigali est éventuellement envisagé, vous vous y opposez au sein du gouvernement français ?
Non, parce que je n'ai jamais vu cette hypothèse. Je sais que l'inverse a été évoqué. « Surtout ne touchez pas à Kigali ». Et moi j'étais dans cet esprit, d'où la création de la zone humanitaire sûre.
Il n'était pas question qu'on se lance dans une opération dans Kigali qui était beaucoup trop dangereuse si jamais il fallait la faire et, politiquement, extrêmement désastreuse. Donc non.
Le 27 juin 1994, vos soldats découvrent qu'il y a sur la colline de Bisesero à l'ouest du pays, plusieurs centaines de rescapés tutsis qui essaient encore d'échapper aux génocidaires. Mais l'opération de sauvetage n'a lieu que le 30 juin. Pourquoi ce décalage ?
Parce qu'on était en opération. Voilà c'est tout. Vous avez deux jeeps qui sont sur le terrain avec 4 ou 5 types dans chaque jeep.
Vous allez faire des escalades pour aller chercher les gens alors que le soir tombe, alors que vous n'avez pas d'ordre dans ce sens, qu'on vous dit au contraire, « faites attention, vous ne savez pas qui c'est, revenez à votre base, demandez des ordres ».
Pour vraiment juger, les pieds dans ses pantoufles vingt ans plus tard, c'est vraiment une connerie. Et je vous en prie, n'allez pas dans ce sens.
En juillet 1994, les principaux génocidaires du gouvernement intérimaire rwandais s'enfuient au Congo-Kinshasa par le poste frontière de Cyangugu. Or ce sont vos soldats qui contrôlent ce poste frontière. Pourquoi laissent-ils passer ces grands criminels ?
Parce que nous n'avions aucun mandat pour les arrêter. Est-ce que vous savez ce que c'est que le droit international ?
Nous n'avions aucun mandat de l'ONU pour les arrêter. Alors qu'on ne nous demande pas à la fois, en même temps, et souvent par les mêmes journalistes, d'intervenir et de ne pas intervenir. Parce que ça, ça suffit !
Est-ce que vous n'auriez pas pu les faire arrêter ou les mettre en résidence surveillée en attendant que les instances judiciaires internationales se prononcent sur leur cas ?
C'est ça, gentiment avec des menottes, dans un coin, surveillés par des soldats français avec les photos que les gens auraient été bien contents de prendre. Non !
Ça n'a pas de sens. Nous avions un mandat, ce mandat nous l'avons respecté. Si jamais nous ne l'avions pas respecté, nous serions aujourd'hui devant le Tribunal pénal international. Ce n'est pas le cas et ça ne sera jamais le cas.
A l'époque, est-ce que le ministère de la Défense sait tout ce que font les militaires français ou bien est-ce que, via le chef d'état-major particulier de l'Elysée, le général Quesnot, et via les nouvelles forces spéciales des Commandements des opérations spéciales (COS), certaines choses peuvent vous échapper ?
Dans une opération aussi complexe, naturellement des incidents quotidiens peuvent échapper au ministre ou à ses collaborateurs. En général la circulation de l'information est fluide et transparente.
En ce qui concerne les COS, il est normal que dans des unités opérationnelles, vous ayez une partie de ces unités qui soient discrètes, secrètes, c'est tout à fait normal.
Ils continueront à le faire. Demandez et vous aurez j'espère la totalité des ordres qui ont été donnés, des dépêches diplomatiques, des consignes. Vous verrez bien à partir de ça.
A l'époque vous, le ministre de droite, vous cohabitez avec un vieux président de gauche. Est-ce que François Mitterrand n'a pas tendance à se méfier de vous et à vous court-circuiter ?
Tout cela est possible. La nature humaine est ainsi faite. Je n'ai pas eu ce sentiment, ni le Premier ministre, ni Monsieur Juppé.
Nous avions un gouvernement qui était très solidaire pour traverser la période de cohabitation de la meilleure façon possible, c'est-à-dire ne pas donner le sentiment où la réalité qu'il y avait au sein de l'exécutif des divergences, je peux vous dire qu'avec le président de la République que je rencontrais plusieurs fois par semaine, il n'y a jamais eu la moindre différence d'interprétation.
Mais, avez-vous appris des années plus tard certaines initiatives dont vous n'étiez pas au courant à l'époque ?
Non, aucune. Regardez les faits eux-mêmes et voilà. Essayez de vous mettre dans la position de soldats français qui se trouvent dans une situation de chaos généralisé avec des tueries de part et d'autres, y compris des tueries provoquées par le FPR également, hélas.
Vous parlez de vos soldats : de 1990 à 1994, l'armée française est au côté des Forces armées rwandaises (FAR). Et tout d'un coup, en juin 1994, vous demandez à cette armée de devenir neutre. Est-ce que nécessairement, il n'y a pas d'officiers français qui renâclent, qui restent fidèles à leurs anciens frères d'armes ?
Je n'ai jamais reçu cela comme information, ça m'étonnerait. Je sais ce qu'on leur enseigne dans les écoles de guerre et je sais que c'est une situation toujours très difficile, mais la première force d'un soldat, c'est d'obéir aux ordres qu'il reçoit. Je n'ai pas eu d'éléments me permettant de penser qu'ils n'y aient pas obéi.
Or les ordres qu'ils recevaient étaient totalement autres, c'était de ne jamais affronter directement le FPR, ça a été le cas. Il n'y a pas eu un seul incident militaire à proprement parler, pas un seul mort du côté français, contrairement à ce qui a été dit par certains de vos confrères.
Et deuxièmement ils avaient le devoir de sauver, sauver le maximum de vies humaines avec le minimum de forces du côté des Turquoise. C'était d'ailleurs de l'ordre de 700 hommes. En face, vous aviez une armée soutenue par la base arrière qui était l'Ouganda de plusieurs dizaines de milliers d'hommes.
Il n'y a pas eu de morts côté français, mais il y a eu des prisonniers faits par le FPR dont vous avez dû négocier la libération ?
Oui, il y a eu un incident de cette nature qui a duré quelques heures, tout à fait. Comme ça se passe toujours dans les périodes chaotiques. Je crois à ma connaissance que ça s'est très bien passé. Ça n'a pas dû dépasser une journée.
Combien de prisonniers français à l'époque ?
Je n'ai pas le chiffre. Je sais qu'il y a eu un incident qui a été réglé à l'amiable d'ailleurs par le FPR d'un côté, par l'armée française de l'autre. Personne n'en parle plus d'ailleurs.
Lundi dernier, lors d'un colloque organisé à Paris par l'association RBF-France Forum, vous vous êtes prononcé pour la déclassification de toutes les archives concernant le rôle de la France au Rwanda. Est-ce que vous confirmez ?
Bien sûr. Je ne pense pas qu'il y ait sous la notion de secret défense, qui est réelle et qui est utile en général, là, quelque chose à cacher.
En tout cas, je ne vois pas maintenant. Vingt ans après, il me semble que ça serait de bonne politique, justement pour apaiser, pour aller vers cet objectif de réconciliation, que tout cela soit mis sur la table avec le maximum de clarté.
Est-ce que vous savez que parmi les archives manquantes, il y a celles qui concernent votre visite au Rwanda en pleine opération Turquoise le 29 juin ?
Il y a des moments où on a envie d'être beaucoup plus méchants avec les journalistes. Un de vos confrères a dit « Monsieur Léotard est venu avec des belles chaussures ». Si c'est ça le journalisme, il faut mieux fermer la porte. Si c'est ça le journalisme, il y a vraiment de quoi pleurer.
Est-ce que vous avez des archives personnelles sur cette époque ? Est-ce que vous êtes prêt à les rendre publiques ?
Je n'en ai pas, j'ai tout laissé, les deux fois où j'ai été ministre à la disposition de l'Etat, c'est-à-dire aux archives nationales.
En 1997, une mission parlementaire Quilès a entendu plusieurs dizaines d'acteurs, de témoins. Mais en droit français, une mission ne peut pas obliger quelqu'un à témoigner. Est-ce qu'il ne faut pas aller plus loin et créer une commission ?
Si le Parlement décidait d'en faire une, elle aurait lieu. La justice est à l'œuvre. Le Tribunal pénal international a encore, je crois, 14 cas à examiner avant la fin de l'année. Mais si l'ONU ou si la France ont fait confiance en ce tribunal, ce n'est pas pour se substituer à lui.
Donc vous n'êtes pas pour une commission d'enquête parlementaire ?
Je m'en fous. Alors là, je peux vous dire, vraiment je m'en fous. Je ne suis plus parlementaire. Si elle a lieu et qu'elle me demande de témoigner, je viendrai avec beaucoup de bonheur.
Je pense à vos collègues du gouvernement de l'époque, Edouard Balladur, Alain Juppé, Hubert Védrine le secrétaire général de l'Elysée.
Dans cette volonté que vous avez de faire dévoiler toute la vérité, est-ce que vous êtes prêt à leur demander de s'associer à votre démarche ?
J'ai autre chose à faire actuellement. Je me suis retiré, je ne sais pas si vous savez ce que c'est. Le jour où vous ne serez plus journaliste, vous souhaiterez peut-être bouquiner, faire autre chose du sport ou je ne sais quoi.
C'est mon cas. Je me suis retiré des affaires publiques, mais si je peux jouer un rôle qui permette d'avoir sur ce sujet, sur cette période, des éléments de vérité, je le ferai naturellement et c'est normal.

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